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Le métier d'ébéniste, c'est quoi?
Par Équipe éditoriale
Modifié le 13 juin 2024
Si on vous dit «ébéniste», vous pensez : bois! À la différence de matériaux tels que le ciment, l’acier, la brique, la pierre ou la fibre de verre, le bois a la particularité de provenir de la transformation d’arbres qui sont des êtres naturels, vivants et très diversifiés. Ainsi, l’ébéniste est passé maître dans le travail du bois, que ce soit pour confectionner des meubles, concevoir des boiseries ou construire des accessoires pour des fabricants.
Quel est le rôle d'un ébéniste? - Définition du métier
Photo : Canva
Selon Emploi-Québec, l’ébéniste est la personne dont les principales fonctions de travail consistent en :
la planification de son travail;
le débitage de matériaux (réduire en planches, en bûches, etc.) ;
l’usinage des pièces; l’assemblage des composants;
la préparation pour la finition.
Le travail d’ébéniste peut également comprendre le placage de matériaux (coller une plaque), la fabrication des gabarits, le cintrage des pièces (donner une forme courbe), le sculptage des composants et l’assemblage des éléments de menuiserie architecturaux.
Ainsi, l’ébéniste doit être capable:
d’interpréter des plans,
de faire la distinction entre les produits de bois et les dérivés de bois,
d’utiliser des outils d’atelier,
d’appliquer des connaissances aux modes et aux organes d’assemblage,
d’appliquer les règles de santé et de sécurité et les règles de contrôle de la qualité,
de planifier son travail,
de débiter les matières premières,
d’usiner des pièces,
d’assembler des composants et de préparer les produits pour la finition.
De plus, dans certaines entreprises, l’ébéniste doit être capable de produire des dessins d’atelier et des croquis.
L’intervention en ébénisterie industrielle touche la fabrication de meubles en petites séries, la fabrication de produits architecturaux et d’objets qui servent à l’agencement et à la décoration des maisons ou des édifices commerciaux et institutionnels.
L’ébénisterie artisanale a trait généralement à la fabrication de produits d’usage résidentiel distribués directement aux consommateurs ou par l’intermédiaire de réseaux de distribution de commerce de détail.
Formation: comment devenir ébéniste au Québec ?
Photo : Canva
L’École Nationale du Meuble et de l’Ébénisterie offre à ses campus de Montréal et de Victoriaville une technique en ébénisterie. Ce programme forme les étudiants au travail du bois dans des entreprises d’ébénisterie, de restauration et de finition de meubles, de production de boiseries, d’ameublement d’intérieur (de bateaux, d’avions, de restaurants, d’hôtels, de commerces, etc.), ainsi que de fabrication de meubles sur mesure.
Les diplômés sont en mesure de:
concevoir et de dessiner de l’ameublement et des boiseries,
planifier et superviser la production industrielle,
programmer des machines-outils à commande numérique,
produire des dessins d’atelier à partir de plans d’architecte,
préparer des soumissions,
participer à la gestion des opérations de production,
travailler le bois à l’aide d’outils conventionnels ou de machines-outils de haute technologie.
L’esthétisme et l’ergonomie privilégiée par l’ébénisterie artisanale se modifient à mesure que les tendances et le mode de vie des gens changent. Plusieurs écoles offrent des cours à la carte dont la menuiserie et la sculpture sur bois à quiconque veut pratiquer cet artisanat en tant que loisir. Souvent, les experts qui donnent ce type d’atelier enseignent les techniques traditionnelles, donc avec une esthétique classique où les ornements en bas-relief suggèrent des formes organiques et où la sculpture représente des animaux.
Cependant, des programmes comme celui d’ébénisterie artisanale offert au Cégep du Vieux-Montréal visent à former des travailleurs autonomes, c’est-à-dire des artisans, créateurs et entrepreneurs. La liberté dont disposent les étudiants qui apprennent à travailler le bois se reflète dans leurs œuvres qui se veulent plus contemporaines.
Quels sont les outils d'ébénisterie?
Photo : Robert Freiberger
Selon l’encyclopédie Historica Canada, les colons européens qui se sont établis en Amérique du Nord ont apporté avec eux leur savoir-faire en débitage du bois. Il s'est illustré à travers le travail des bûcherons, ainsi que dans le domaine de la menuiserie pour servir à des fins architecturales, utilitaires ou décoratives. Dans leur «coffre à outils», les premiers habitants avaient une hache, une scie, un ciseau à bois, un rabot, un alésoir, une lime, un marteau et des clous.
Selon un organigramme de la menuiserie, il existe huit catégories d’outils :
Les outils de traçage : équerre, compas, crayon, etc.
Les outils de frappe : marteau, massette, maillet, etc.
Les outils de sciage : scie à 4 mains, scie à araser, scie égoïne, etc.
Les outils de tranchage : hache, ciseau, rabot, etc.
Les outils de perçage : vilebrequin, mèche, vrille, etc.
Les outils de serrage : etau, serres joint, presse à plane, etc.
Les outils de finition : rifloir, racloir, rape, etc.
Les outils divers : meule, niveau, tenaille, etc.
Pour travailler le bois, vous devez avoir :
une table à tracer qui comprend un valet, une presse et une griffe;
des outils à tracer, dont un crayon rectangulaire, un mètre, des équerres et un trusquin; des outils à aplanir dont un riflard, un rabot et une varlope;
des outils à débiter pour la finition;
une scie à refendre avec des dents à crochets;
une scie à tenons pour scier les planches de travers;
une scie à araser pour faire des coupes nettes et fines;
une scie à chantourner pour découper un évidement;
une scie à égoïne pour le sciage du contre-plaqué et des matériaux modernes;
une scie d’encadreur à petites dents;
des scies universelles;
des outils à creuser et à percer;
des ciseaux et des bédanes;
un vilebrequin et une vrille.
À cela, vous ajoutez :
le marteau et les clous,
les tenailles,
le tournevis,
le chasse-pointe en acier,
les presses et serre-joints,
la boîte de coupe,
les rapes et limes.
Pour entretenir vos outils, procurez-vous : une meule plate en grès à grains fins (pour l’affûtage des rabots, ciseaux, bédanes, etc.) et une pierre à l’huile (qui sert de complément), ainsi que des tiers-points ou limes triangulaires pour l’entretien des scies et un tourne-à-gauche pour l’avoyage des scies.
Vous voulez passer aux choses sérieuses en vous procurant des instruments électriques? Commencez par l’achat d’une perceuse et d’une scie sauteuse qui vous suffiront pour mener à bien quelques projets destinés à la cave ou à l’extérieur. Ensuite, achetez une scie circulaire qui coupe plus vite et plus droit. La prochaine étape est l’acquisition de machines stationnaires : une perceuse à colonne, une scie sous table, une scie à ruban et une dégauchisseuse ou une planeuse. Avec un tel attirail, vous trouverez pratique d’avoir sous la main une ponceuse à bande et une scie à onglets.
Il existe beaucoup plus d’outils que ceux énumérés ci-haut; leur acquisition dépend de vos projets. En général, les ébénistes ont une trousse de démarrage qu’ils acquièrent pendant leur formation et accumulent des outils tout au long de leur carrière pour faire face aux défis techniques.
Ébéniste : le métier qui a traversé les siècles
Selon un article de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, des débuts de la colonie jusqu’à environ 1870, la confection du mobilier était essentiellement domestique et se partageait entre les menuisiers, les charpentiers et autres artisans du bois. Tirant leur inspiration des meubles européens importés, les artisans produisaient des meubles fonctionnels, simples, et sobres qui se faisaient à la pièce ou sur commande.
L’École du meuble de Montréal de 1937 à 1945 a constitué l’âge d’or de l’ébénisterie québécoise en raison de la qualité exceptionnelle de ses enseignants. Les artistes célèbres Marcelle Ferron, Charles Daudelin et Alfred Pellan y ont fait valoir la modernité, donnant une impulsion aux métiers d’arts qui se sont épanouis dans les années 1950.
Aujourd’hui, nous sommes tous conscients que la pollution amène le réchauffement de la planète et menace la biodiversité et le patrimoine génétique. Nous savons aussi que, si nous ne perpétuons pas l’usage de la langue, il sera difficile de la garder en vie encore des siècles. Il en va de même pour les métiers d’arts. «Il est primordial, pour les conserver bien vivants, que l’on mette en place les conditions qui vont permettre de continuer à les exercer et qui inciteront les artisans à les faire prospérer» écrit l’ébéniste, présidente et directrice par intérim de l’Institut québécois d’ébénisterie, Céline Dubord.
Entrevue avec Caroline Roberge, ébéniste artisanale
Chaise Lionel, Le Tenon et la Mortaise
Tous deux diplômés du programme d’ébénisterie artisanale au Cégep du Vieux-Montréal, Caroline Roberge et son conjoint Benoit St-Jean ont fondé leur propre entreprise, Le Tenon et la Mortaise. Leur atelier est situé aux abords du fleuve St-Laurent dans la région de Kamouraska, au Québec.
Quand avez-vous fondé votre atelier?
«Nous sommes en démarrage, alors disons que nos premiers contrats venaient surtout du bouche à oreille. Aujourd'hui, les gens nous contactent avec leurs idées. Avant, j’étais à l’école, j’ai terminé mon cours au mois de mai puis Benoît, mon conjoint, travaillait à Gatineau dans une ébénisterie où il faisait plutôt des comptoirs et un peu de menuiserie architecturale. Tous les deux, nous avons fait le cours d’ébénisterie artisanale au Cégep du Vieux-Montréal qui dure 3 ans. Notre atelier est un petit espace, nous sommes deux à y travailler et nous faisons des meubles de grandeur petite à moyenne. Nous ne faisons pas de cuisines, d’escaliers, de cabinets, etc.»
Quelle est la plus grosse pièce que vous avez fabriquée?
«Un mobilier pour une exposition dans un musée : cinq armoires et une table immense. Ce genre de contrat est rare parce que les particuliers vont se faire faire un meuble à la fois, alors nous travaillons projet par projet. En ce moment, nous sommes en train de faire un ilot de cuisine, un meuble assez gros. Nous avons déjà fait une table à dîner, du mobilier qui peut être assez gros. Nous ne les produisons pas à la chaîne parce que nous sommes juste deux, nous n’avons pas d’employés.»
Si un client vous présente une idée, quel est le processus?
«Il y a quand même un long processus de conception avant que nous puissions fabriquer le meuble comme tel parce que c’est du sur mesure. Il faut prendre le temps de faire le design avec le client. Nous faisons tout de A à Z. Aussi, nous travaillons exclusivement avec des bois durs et le contreplaqué pour les caissons. Nous essayons d’offrir les matériaux au client en les adaptant à son budget. Mais, le coût des matériaux, ce n’est pas ce qui fait la différence sur le prix des projets. Ça vaut la peine d’investir 50$ de plus pour avoir de l’érable massif. Ce qui fait la différence, c’est le coût de la main-d’œuvre.»
Quelle essence de bois utilisez-vous?
«Nous utilisons beaucoup l’érable, le merisier, le noyer et un peu le chêne, qui n’est pas à la mode ces temps-ci. Le cerisier aussi, qui est un bois assez foncé, pour remplacer le noyer noir. Ce bois foncé rare est vraiment populaire, mais vraiment cher. Ce qui fait qu’un bois est plus cher qu’un autre est la rareté et aussi sa qualité; il y a des grades quand on achète le bois. Le meilleur n'a pas ou peu de nœuds, ce qui fait qu’on a moins de pertes et que c’est un bois plus facile à travailler.»
Comment fonctionne la popularité d’un bois?
«Le noyer noir est populaire parce qu'il est vraiment foncé. Je ne vois pas qu’il y a une mode pour les bois exotiques. Je ne les privilégie pas, je pense que c’est bien d’utiliser des bois locaux. En fait, c’est pas vrai qu’on achète juste du bois canadien, ça vient du nord des États-Unis. C’est plus écologique d’acheter du bois local que du bois africain, sud-américain ou asiatique. On va souvent voir en magasin des meubles faits en Inde ou en Indonésie qui ont des gros problèmes d’adaptation au climat d’ici. Les dessus de table vont craquer, par exemple.»
Quel est votre style?
«Nous faisons du haut de gamme. Il n’y aura pas de craque dans nos meubles; s’il y en a une, nous allons la réparer. Nous ne faisons pas compétition avec le mobilier classique, non plus. Au Cégep du Vieux-Montréal, ils ne nous imposaient pas de ligne de design, la majorité de nos projets étaient libres. C’est sûr que nous finissons par développer une signature plus personnelle et plus contemporaine, en général. Alors, ce n’est pas très différent quand nous entrons dans notre atelier à nous. Nous avons déjà travaillé sur notre style, selon une esthétique que nous aimons. À la suite de ça, il faut s’adapter au client, il faut trouver la balance entre les deux.»
Est-ce qu’il y a une relève en ébénisterie?
«Nous voyons beaucoup d’ébénisteries fermer parce qu’elles n’ont pas de relève mais, en même temps, il y a une vague de jeunes qui décident de faire le cours pour devenir ébéniste. Il y a un renouvellement de ma génération, des gens dans la fin vingtaine qui font des pièces plus modernes. Nous, nous avons acheté des machines d’un monsieur qui fermait. La continuité se fait, dans le sens que le roulement de la demande se fait vers les plus jeunes, des machineries vendues à ceux qui commencent. C’est rare que les gens achètent neuf, c’est dispendieux.»
Comment vendez-vous vos pièces?
«Nous vendons dans les marchés les fins de semaine, nous faisons du mobilier sur mesure et vendons surtout des petites pièces sur Internet. Nous avons vendu 12% de nos produits sur le marché américain en 2016; le taux de change nous aide beaucoup. Les Européens achètent environ 3%. Nous ne vendons pas dans les autres provinces canadiennes, mais nous vendons beaucoup à Singapour pour une raison que j’ignore. Il doit y avoir une attirance pour les produits artisanaux de design nord-américain.»
Visitez la page Etsy Le Tenon et la Mortaise.
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