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Podcast E13: Ebinisterie haut de gamme : Les astuces des pros dévoilées

Par SoumissionRenovation.ca

Modifié le 11 juillet 2024

Dans ce nouvel épisode de notre podcast Entrepreneurs, nous abordons l'ébénisterie de cuisine avec Robert Samman de GMRS


[00:00:00.000] - Manef

Bonjour à toutes et à tous, c'est Manef. Bienvenue pour un nouvel épisode de Podcast Entrepreneur. Aujourd'hui, on va parler d'ébénisterie et plus précisément, peut-être d'ébénisterie de cuisine. On est avec un invité qui est monsieur Robert Samman. Comment vous allez, monsieur ?

[00:00:25.950] - Robert

Salut Manef, ça va bien et toi ?

[00:00:26.980] - Manef

Ça va super.

[00:00:27.590] - Robert

Yes.

[00:00:28.610] - Manef

Donc Robert, toi, tu travailles avec Ébénisterie GMRS ?

[00:00:32.700] - Robert

Oui.

[00:00:33.120] - Manef

Vous êtes expert en cuisine haut de gamme, c'est bien ça ?

[00:00:35.890] - Robert

Effectivement, on fait toutes sortes de cuisines, mais on est plus particulièrement spécialisé dans les hauts de gamme.

[00:00:40.310] - Manef

Parfait. Aujourd'hui, on va essayer de décortiquer tout ça. L'objectif, c'est vraiment d'avoir une vue d'ensemble sur toute ton expérience, ce que tu as vécu en tant qu'entrepreneur et qu'est-ce qui a fait en sorte que tu en es là aujourd'hui.

[00:00:49.960] - Robert

Ça me fait plaisir.

[00:00:50.670] - Manef

On commence un peu d'une manière vaste, générale. Je veux bien savoir ton parcours et comment tout est fait.

[00:00:56.150] - Robert

Ok. J'ai un long parcours, vraiment. Moi, c'est de père en fils. C'est une entreprise familiale de père en fils. Ça fait depuis que j'ai 12 ans que je touche un peu à ça, l'ébénisterie . On a été dans des petits shops, majoritairement des petits shops. J'ai vu ça depuis très petit. Et par la suite, j'ai aidé mon père à faire des installations, des fabrications d'armoires et tout, mais j'ai continué mes études évidemment, j'avais 12 ans, ce qui fait que c'est sûr, je n'ai pas lâché les études à ce moment-là. Puis, je me suis rendu à l'université, donc j'ai fait un certificat en droit et j'ai fait aussi un bac en relations industrielles que j'ai terminé il y a à peu près six, sept ans. En fait, c'est au démarrage de l'entreprise en 2015 de GMRS que j'ai décidé de vraiment m'impliquer à 110% dans l'ébénisterie. Quand j'avais 12 ans, j'ai touché à ça, puis j'ai eu la piqûre de l'ébénisterie, donc ça m'a toujours attiré d'être dans ce domaine-là, mais il fallait quand même que je fasse des études pour ma satisfaction personnelle, puis aussi pour mes parents dans un certain sens. Quand j'ai fini mes études, je me suis lancé là-dedans à 110%, puis on est là aujourd'hui.

[00:01:59.840] - Manef

Parfait. Les études que tu as faites, est-ce qu'elles sont en relation avec la job ?

[00:02:02.960] - Robert

Oui, techniquement, quand j'ai fait mon certificat en droit, j'ai vu beaucoup le droit du travail, le droit des affaires et tout ça. Ça m'a permis de bâtir, si on veut, tout ce qui est paperasse pour l'entreprise. Ça m'a beaucoup, beaucoup aidé. Ça savoir quoi mettre dans ces ...

[00:02:17.140] - Manef

Donc, c'est en lien avec ce que tu voulais faire au départ.

[00:02:20.030] - Robert

Exactement. Puis, des fois, dans l'entrepreneuriat et dans le domaine de la construction, plus spécifiquement, des fois, il y a des litiges. C'est sûr qu'avoir ce bagage-là, ça me permet de justement faire mes propres recherches, toutes ces choses-là, sans avoir nécessairement recours à des professionnels dans ce domaine. Pour ce qui est du droit, c'est là-dedans que ça m'a aidé. Et pour ce qui est de relations industrielles, ça m'a aidé du point de vue RH, donc ressources humaines. Je connais très bien les droits autant de l'employeur que des salariés. Je sais comment faire les contrats avec les salariés. Toutes ces paperasses-là aussi reliées au droit de ressources humaines, je les connais, donc ça m'a beaucoup aidé aussi dans mon domaine.

[00:03:03.710] - Manef

Je veux juste savoir, d'après vous, quelles sont les compétences requises pour vraiment exceller dans le milieu de l'ébénisterie ? On va essayer de faire deux parties à cette question-là parce qu'il y a une partie où vous avez des skills qui ont été en relation avec les études que vous avez faites et ça vous a aidé dans votre job. Mais dans le fond, si on parle d'ébénisterie brute, de la job en elle-même, de la manière de faire, quelles sont les compétences requises à ça ? D'un côté, vous allez me donner peut-être quelqu'un qui vient juste de terminer ses cours, de quoi il a besoin pour exceller dans ce domaine. Mais après, la deuxième réponse, c'est plus vis-à-vis de votre propre expérience et de ce que vous avez vécu.

[00:03:40.920] - Robert

Juste pour comprendre, tu veux qu'on parle vraiment de l'ébénisterie spécifiquement au niveau de l'entrepreneur.

[00:03:47.100] - Manef

Oui.

[00:03:47.880] - Robert

Les compétences que ça prend en tant que ébéniste, il faut que tu sois minutieux et passionné. Il faut que tu sois minutieux dans le sens qu'il faut que tu aies les compétences pour lire un tape à mesurer, un ruban à mesurer, adéquatement, il faut que tu sois minutieux dans tes coupes. C'est vraiment en termes de compétences, je te dirais, c'est vraiment être minutieux, passionné, parce que c'est un domaine quand même qui est très difficile. Des fois, tu vas mettre beaucoup d'heures sur un projet si tu n'es pas passionné, tu vas juste lâcher prise, puis tu vas tourner les coins ronds.

[00:04:20.500] - Manef

Je comprends.

[00:04:21.200] - Robert

Donc, ça prend de la minutie et de la passion dans ce domaine-là. Compétences, est-ce que tu parles plus compétences académiques ou vraiment, quel type de compétences ?

[00:04:32.880] - Manef

Ça peut être académique, ça peut être d'autres types de compétences comme d'autres jobs que l'entrepreneur peut faire en parallèle. C'est vraiment général, c'est juste pour faire l'emphase sur quelqu'un qui a... Parce que dans votre cas, vous votre cursus scolaire a fait en sorte que vous gagnez des skills comme peut-être, potentiellement, c'est vraiment mon avis perso, ça dépend de la personne. Il y a des personnes qui l'ont, il y a des personnes qui ne l'ont pas. D'un côté, c'est un boost pour vous, mais est-ce que ça veut dire que si quelqu'un n'a pas les mêmes skills, toute son expérience et tout le processus peut être un petit peu ralenti ?

[00:05:05.720] - Robert

Ce n'est pas qu'il peut être ralenti, c'est juste qu'il va devoir avoir accès aux ressources que moi, je n'ai pas besoin d'avoir accès dans un certain sens. Donc, une personne qui va se lancer dans une entreprise qui va louer un local, engager des gens, pour savoir comment négocier son bail ou pour savoir comment faire des contrats pour ses employés, il va recourir à des professionnels. Donc, il va devoir dépenser de l'argent et du temps pour que quelqu'un d'autre puisse faire la job pour lui. Moi, j'ai une longueur d'avance là-dessus, c'est que j'ai eu des études là-dedans et j'ai l'expérience aussi depuis que je voyais mon père, comment était la relation avec les employés. Donc, voir les pour et les contres de ce qui peut être retenu, ce qui peut être changé. Donc, j'ai ce background-là où c'est qui m'aide. Non, n'importe qui peut devenir ébéniste, mais c'est juste que dans son cas, la majorité du temps, il va devoir engager, avoir recours à d'autres ressources humaines que moi, je n'ai pas besoin d'avoir.

[00:06:01.590] - Manef

Je comprends.

[00:06:02.360] - Robert

Mais pour avoir une ébénisterie au sens strict, c'est ça, les compétences que ça prend, c'est vraiment de la minutie, savoir lire un tape à mesurer, avoir une bonne communication. Parce que je veux dire, quand tu vas parler avec un client pour un projet, il faut que tu saches expliquer dans des termes qui sont faciles à comprendre au client, c'est quoi que tu vas faire comme travail, etc. Un autre skill qui va pouvoir t'aider à exceller dans ce domaine, c'est de pouvoir faire, exemple, des plans. Les plans 3D, aujourd'hui, le monde, sont très visuels, donc ils veulent voir avant que tu fasses les travaux, c'est quoi le résultat qu'ils vont avoir, quel produit ils vont avoir. Ça, c'est un skill aussi que si tu l'as, tu vas exceller en tant qu'ébéniste. Si tu ne l'as pas, encore une fois, tu peux courir à des ressources humaines externes. C'est des coûts additionnels que tu vas devoir investir, mais qui ne sont pas nécessairement rentables. Parce que si tu fais des plans à un client et que tu payes pour faire ces plans-là, mais que le client, finalement, il ne va pas avec toi, tu as perdu de l'argent. Ça ne donne absolument rien. Ça, c'est un skill très important, surtout avec la clientèle d'aujourd'hui qui est très haut demandante. Mais je veux dire, il y a tellement de gens dans ce domaine-là que les clients veulent être rassurés dès le départ, qu'ils font affaire avec la bonne personne. Donc, en ayant ce skill, où est-ce que tu peux montrer le travail que tu fais, faire des plans, présenter les échantillons aux clients, c'est aussi ce qui est là, mais tu as une longueur d'avance sur tout le monde.

[00:07:27.630] - Manef

Parfait. En fait, ce n'est pas évident du tout. Je pense que ce n'est pas facile parce qu'il y a plusieurs choses où l'entrepreneur doit se focus et doit maîtriser. J'imagine que toi, personnellement, quand tu as débuté, tu étais sur tous les flancs. Tu faisais ça, ça, ça. Peut-être que là, présentement, ce n'est pas le même cas parce qu'au fur et à mesure du temps, tu te dis: OK, je vais peut-être investir, faire venir quelqu'un pour s'occuper de ça, pour que je puisse me libérer un tout petit peu plus de temps à faire autre chose. Est-ce qu'une démarche comme ça, est-ce que ça augmente la qualité de la job ou ça diminue la qualité de la job ? Je sais que dépend de la personne, comment il le fait, mais parce qu'il y a certains entrepreneurs qui veulent être partout et qui veulent tout gérer. Mais ça, ça coûte vraiment... Ça coûte du temps, ça coûte de l'énergie et on ne peut pas exceller sur 14 points différents qui sont parfois vraiment très loin, comme faire la job en elle-même , assurer le service client et faire la comptabilité.

[00:08:24.630] - Robert

Durant le même jour, tu es vendeur. Après ça, tu vas prendre des mesures. Après ça, tu fais des plans.

[00:08:28.730] - Manef

Exact. Comment toi, tu gères ça ?

[00:08:30.000] - Robert

Après ça, tu fabriques, etc. Ce n'est effectivement pas quelque chose de facile. Moi, ce que j'ai comme atout ou comme avantage par rapport à la majorité, c'est que j'ai commencé tôt. Donc moi, j'avais l'énergie, j'avais le temps d'apprendre ces choses-là sans vraiment avoir de côté négatif. Ça m'a pris juste de la discipline. Au lieu de sortir avec mes amis, passer mes fins de semaine dans des bars ou dans des clubs, moi, j'ai décidé d'apprendre le métier et apprendre les différentes facettes de l'ébénisterie. C'est sûr, ce n'est pas facile. L'exemple, tu vas parler avec mon père aujourd'hui qui a 60 ans et tu lui dis de partir une entreprise d'ébénisterie puis faire chaque facette de l'entreprise, lui, ça va être impossible. S'il va prendre deux mesures de cuisine par jour, ça va être très bon. Mais lui demander de vendre une cuisine le matin, avant midi prendre des mesures et l'après-midi, aller travailler à l'usine, c'est impossible. Comment que j'ai fait ? Honnêtement, c'est l'âge qui est à mon avantage. Je suis jeune, je n'ai pas 60 ans. C'est aussi, encore une fois, la passion, le fait que j'aime ce métier, j'adore ce métier. Donc, tout ce que je vais apprendre, je vais l'absorber quand même très rapidement parce que c'est quelque chose qui me passionne.

[00:09:43.530] - Manef

Il y a des sacrifices aussi à faire ?

[00:09:45.210] - Robert

C'est sûr qu'il y a des sacrifices, mais ça, c'est dans l'entrepreneuriat en général.

[00:09:48.080] - Manef

Même, comme vous le dites, le fait de prioriser l'apprentissage au divertissement, plein de sacrifices en soi, parce qu'il faut avoir une certaine maturité déjà pour le faire. Il faut avoir un amour pour la job pour pouvoir le faire et la discipline. Donc, tout ça en tout, quand tu l'englobes, ça peut être des sacrifices. Mais est-ce que je peux demander, quoi tu aimes cet job ? Qu'est-ce qui te fait aimer l'ébénisterie ?

[00:10:14.480] - Robert

J'aime le processus. J'aime le processus, j'aime comment ça commence, j'aime comment ça finit. Étant donné que je suis impliqué dans quand même toutes les étapes du projet, même si ce n'est pas moi qui fabrique avec mes mains, j'ai des employés qui font ça, mais je vais quand même passer à l'usine Je viens vérifier que tout se passe bien, puis je vais toucher aux armoires, puis m'assurer que, exemple, la bande de chant est bien propre. Donc, j'aime chaque facette de l'ébénisterie, mais c'est vraiment... Moi, quand je rencontre le client, je lui donne de l'information. Je lui donne de l'information. Je lui dis que ça, exemple, ça va être plus beau de cette manière, un cabinet vitré, là, ça va être plus beau. Donc, je vais faire les plans, le client, après ça, approuve le projet. Moi, ma passion pour l'ébénisterie vient du résultat que ça me donne. Une fois que c'est installé, voir la réaction du client, puis faire genre: Waouh ! Quelle belle cuisine que tu m'as fait. Moi, ça, ça me passionne, puis surtout quand je fais une vidéo, parce que je fais beaucoup de vidéos aussi sur YouTube de projets qu'on réalise. À la fin, on fait une vidéo. Ça, c'est ce qui me passionne, c'est ce qui me donne mon-

[00:11:21.340] - Manef

C'est quoi la chaîne YouTube ?

[00:11:22.640] - Robert

GMRS, ébénisterie GMRS.

[00:11:25.620] - Manef

Abonnez-vous. Vous avez la page, il faut y aller, il faut regarder pour s'abonner, pour voir.

[00:11:30.190] - Robert

C'est ça, c'est vraiment le fait de commencer avec le client, puis de voir le résultat. Tout ce processus-là me passionne à 100%, puis je ne te cacherai pas, comme tout entrepreneur, il peut arriver des situations où est-ce que ça ne se termine pas comme on le pense. Ça, c'est juste des leçons pour moi. Savoir ce qui s'est passé dans le processus qui a mené à ce résultat-là, puis on fait juste s'ajuster pour pas que ça se reproduise ou quoi que ce soit. Mais vraiment, ce qui me passionne, c'est vraiment le processus. Aussi, nous, on fait beaucoup à faire avec des designers. Les designers m'amènent beaucoup de challenges. Donc, des mécanismes de coins cafés, coulissants, des échelles qui coulissent, des portes qui lèvent vers le haut, des portes pliantes. Ils t'amènent beaucoup de défis et ça, ça me permet de justement tout le temps repousser les limites, me dépasser. Donc, c'est tout le temps un challenge, c'est tout le temps de l'apprentissage. On sait très bien, une personne qui arrête d'apprendre, elle va être morte. Il n'y a rien de plus beau de tout le temps apprendre. L'ébénisterie c'est le domaine où est-ce que tu vas tout le temps apprendre.

[00:12:32.380] - Robert

Il y a tout le temps quelque chose de nouveau, il y a tout le temps des nouveautés. Les fournisseurs viennent nous voir chaque année pour nous dire: Il va y avoir tel nouveau produit, tel nouveau produit. Donc, tu es tout le temps en constant apprentissage. C'est sûr que si c'est un domaine que tu aimes et que tu aimes aussi personnellement te dépasser, tu vas rouler. Tu vas tout le temps rouler. Il y en a d'autres, par contre, qui sont... Oui, ils aiment ça, mais ils sont un peu plus... Pas limités, mais je dirais, ils ne veulent pas aller dans des zones d'inconfort. Ils vont rester dans la fabrication de caissons de cinq morceaux avec une porte. Si tu commences à leur donner des mécanismes de portes coulissantes et tout, eux, ils ne veulent pas toucher à ça. Ça, malheureusement, il y en a, mais ce n'est pas la même clé à terre non plus que ce que nous, on a.

[00:13:22.810] - Manef

En fait, je veux comprendre quelque chose parce que la job d'ébénisterie et spécifiquement pour les rénovations de cuisines Est-ce que le client en soi... Parce que c'est un métier artistique.

[00:13:36.260] - Robert

Il y a l'ébénisterie artisanale et l'ébénisterie cuisiniste, si on veut.

[00:13:41.230] - Manef

C'est tellement différent l'un de l'autre ?

[00:13:42.680] - Robert

Ouais. L'ébénisterie artisanale, ils vont faire des tables, des chaises, des fournitures.

[00:13:49.400] - Manef

Ok, mais en soi, même les tables et les chaises, il faut avoir de la créativité.

[00:13:53.130] - Robert

Oui.

[00:13:53.660] - Manef

Parce que que ce soit pour faire une table, une plateforme et quatre pieds, OK, c'est correct. Mais comment on peut différencier une belle table d'une table qui passe inaperçue ? Il y a ce petit côté un peu créatif. Ce que je veux savoir, c'est que dans tes projets, à toi, peut-être plus spécifiquement, est-ce que l'avis ou la vision du client, comment tu arrives à interpréter tout ça ? Comment tu fais si tu discutes avec le client et qu'il dit: Moi, je veux ça, je veux ça et je veux ça et je veux que ça soit comme ça et que ça tourne et que ça descende. Comment tu fais pour visualiser tout ça, l'interpréter, le construire et faire en sorte que ça matche à 1 100%, parce que moi aussi, je suis un peu... À un certain moment de ma vie, j'étais graphiste et je sais que je n'ai pas aimé la partie où on travaille avec des contraintes parce que ça limite ce que tu peux faire.

[00:14:44.000] - Robert

La créativité et tout.

[00:14:45.080] - Manef

Exactement. Comment tu te situes par rapport à ça ?

[00:14:47.300] - Robert

De un, je dirais que les clients, ils arrivent tout le temps avec des photos Pinterest. Ils vont présenter plusieurs photos de ce qu'ils aiment. J'ai un client, justement, samedi, qui me montrait différentes cuisines, mais il n'y avait aucune ressemblance dans aucune cuisine. Mais lui, ce qu'il aimait beaucoup, c'était les jeux de lumière. À travers les photos qu'il m'a montrées, j'ai compris que lui, c'est vraiment le jeu de lumière, il va faire un effet sur lui et ça va faire en sorte qu'il va aimer le résultat ou pas. La couleur de la cuisine, oui, elle a un effet, mais vraiment, je voyais que les jeux de lumière, c'était quelque chose d'important pour lui. Donc, il faut savoir cerner les besoins du client sans que lui soit en mesure de les exprimer de façon claire, explicitement. Donc, avoir cette habileté-là de comprendre les besoins du client. Ensuite, c'est sûr que je travaille avec beaucoup de designers, encore une fois, puis j'ai quand même un bon bagage de projets qu'on a fait. Donc, je suis capable, avec l'expérience que j'ai, de donner des idées aux clients qu'ils n'avaient pas nécessairement en tête, mais qui vont venir combler plusieurs besoins qu'ils ont, mais ils ne savent pas comment combler.

[00:15:59.440] - Robert

Donc, ils vont juste te montrer des photos, mais il y a des projets de photo qui vont montrer qu'ils ne s'appliquent pas dans leur cuisine parce qu'elle est trop petite, trop grande, pas assez haute, le plafond est trop bas, trop haut. Ils ne vont pas s'appliquer. Il faut être en mesure de cerner vraiment les besoins, de s'orienter vraiment vers les besoins du client et en fonction de ça, proposer des idées de dispositions de cuisine. Les matériaux aussi, c'est très important. Le bois va être bon chez des clients, il va être très mauvais chez d'autres clients. Il faut comprendre les produits qu'on offre. Pouvoir proposer le bon produit au client. Ce qui me permet, c'est vraiment mon expérience, mes connaissances des produits, puis la communication, savoir cerner le besoin du client. C'est primordial. C'est beau créer une belle cuisine. Ça, c'est mon client samedi, justement, il monte des cuisines, mais le gars, il a deux enfants, puis la cuisine qu'il monte, il n'y a quasiment pas d'armoire. Je suis comme: OK, c'est une très belle cuisine, mais ce n'est pas pratique pour toi. Comment tu vas faire ? Où est-ce que tu vas mettre les céréales ? Je n'avais pas pensé à ça.

[00:17:04.120] - Manef

Ok.

[00:17:04.450] - Robert

Je suis comme: Ouais, c'est une belle cuisine avec des tablettes autoportantes à air ouverte, mais je ne pense pas que tu veux voir ta boîte Kellogg's à découvert tous les jours. Il m'a dit: Effectivement, c'est vrai. Encore une fois, c'est vraiment l'expérience, la communication, savoir cerner les besoins du client, même si lui, il ne connaît même pas ses propres besoins. Connaître les différents matériaux et les différents mécanismes qui existent pour savoir quoi proposer. J'ai un autre client qui, lui, exemple, il voulait avoir, par exemple, une table dans une place très restreinte. C'était une place où il y avait le bureau. Puis aussi, en même temps, il y a une salle, c'est dans la même salle, mais un espace pour les jeux de son enfant et tout. Mais tu ne peux pas mettre une table là. Tu vas tuer l'espace, tu vas devoir tout le temps déplacer la table. Donc quotidiennement, ça devient un peu compliqué de vivre dans un espace comme ça. Étant donné que je savais ce qu'il voulait faire avec l'espace et que je comprenais ses besoins. Et étant donné que je connais les mécanismes qui existent, j'ai été capable de lui proposer des armoires avec une table qui coulisse.

[00:18:07.220] - Robert

Quand il n'y en a pas besoin, il faut juste la refermer. Le client ne m'a pas montré de photo de ce qu'il voulait ou quoi que ce soit, mais c'est juste qu'il m'a communiqué ses besoins. Et moi, étant donné que j'ai la connaissance nécessaire des produits qui existent, j'ai été capable de lui amener une solution à son besoin.

[00:18:22.650] - Manef

Il faut s'adapter à toute situation.

[00:18:24.490] - Robert

Exacte.

[00:18:25.590] - Manef

Cette partie-là, ça te prend combien de temps pour les projets en vivre ? Quelle partie ? La partie discuter avec le client, comprendre ses besoins, établir un plan, lui présenter le plan et lui l'approuvent ?

[00:18:36.670] - Robert

Généralement, ça va varier entre 1h00 et 5h00. Ça me dit: J'ai passé chez le client 5h00 de temps. Mais au courant de 5h00, j'avais qualifié le client dès le départ par téléphone. J'avais quand même compris ses besoins par des questions vraiment spécifiques que j'ai posées par téléphone, des photos qu'il m'avait envoyées. J'ai été en mesure d'amener des échantillons. Étant donné que j'ai les compétences pour faire un plan, on a directement sur place fait les plans et on fait que les modifications sont les plans sur place. J'ai fait que les modifications, puis là, on est prêts. C'est simplement à partir de la production dès qu'on a la signature de l'entente. Donc, ça va varier en fonction du client. Entre 1 h et 5 h, il y a d'autres clients qui veulent juste avoir une idée. Donc moi, je vais me déplacer sur place. Mais un client qui est un peu plus sérieux, qui a un projet un peu plus concret, ça va prendre un peu plus de temps à faire les plans, voir les matériaux. Mais la modification de plan se fait live sur le spot. Je peux déjà envoyer des plans après ça, attendre que le client me donne ses commentaires sur les plans pour les ajuster.

[00:19:47.380] - Robert

C'est un processus long, laborieux pour tout le monde, compliqué, surtout quand tu es une entreprise où est-ce que tu gères plusieurs clients à la fois. Moi, je reçois 20, 30 courriels par jour. Si je commence à envoyer des plans par courriel, puis attendre le retour du client, de un, peu de clients vont me revenir, ils vont juste prendre des plans puis faire des ajustements, puis ils vont partir dans la courbe. Soit, ils vont me répondre avec leurs annotations et moi, je ne vais plus être vraiment au courant ou vraiment dans le projet pour comprendre leurs annotations ou pour leur suggérer d'autres modifications qui répondent à leurs besoins. Étant donné que je n'ai plus le pied dedans à 100%, ça diminue aussi la qualité de mon service rendu là.

[00:20:28.140] - Manef

C'est sûr que c'est important sur le terrain directement. Ça change vraiment et ça facilite toutes les interactions.

[00:20:33.340] - Robert

Exact, ça se passe beaucoup. Au lieu de prendre deux, trois semaines à juste être à l'étape de plan, ça te lève.

[00:20:39.290] - Manef

Vous pensez qu'un ébéniste peut directement faire une soumission et faire des plans sans avoir à se déplacer et voir directement la pièce ?

[00:20:49.370] - Robert

Dépendamment du service. Dépendamment du service, dans le sens que nous, on fait de la fabrication d'armoires neuves, mais aussi, on fait le resurfaçage de cuisine et le décapage de cuisine. Je ne sais pas si tu connais un peu la différence.

[00:21:02.130] - Manef

Oui.

[00:21:02.760] - Robert

Pour résumer, un décapage de cuisine, c'est un client qui a une cuisine en bois qui veut changer la couleur, si on est capable de le faire. Un client qui a une cuisine, que les caissons sont en bonnes conditions, mais qu'il n'aime pas les portes ou les portes sont dans un certain matériel qui s'est enlevé, qui s'est abîmé. On est capable de changer uniquement les portes, ça va changer les caissons. Et on fait de la fabrication neuve, évidemment, une rénovation de cuisine. Donc dans les options de décapage et resurfaçage avec des photos et quelques détails par téléphone, oui, avec l'expérience que j'ai et aussi j'ai mon père qui est au-dessus de 30 ans dans le domaine, donc c'est un peu mon mentor. Si j'ai des questions à lui demander concernant un projet de décapage, le client veut passer du brun, puis il veut aller dans le naturel, est-ce que c'est possible ?

[00:21:52.910] - Robert

Avant que tu l'aie fait, tu ne peux pas le savoir. Mon père, il est là pour m'aider là-dedans. Est-ce qu'on est capable de passer de de couleur à telle couleur à telle couleur ? Non, on risque d'avoir des problématiques. Mais ces deux options de projets, on est capable de faire ça par courriel, par téléphone, bien aisément. Mais rénovation de cuisine, non, c'est trop vaste. Je veux dire, tu vas pouvoir donner une soumission peut-être. J'avais un client, justement, hier et j'ai dit: Ton projet, c'est 30, 35 000. Mais où est-ce qu'on se situe là-dedans ? Ça va beaucoup varier. Peut-être qu'on va être en dessous, peut-être qu'on va être au-dessus. C'est très vaste. Il faut vraiment avoir une rencontre, prendre des mesures, établir des plats pour donner un prix qui reflète vraiment la réalité.

[00:22:36.730] - Manef

J'imagine que si on parle du côté création à partir de rien ou remplacement total ou autre, c'est vraiment fait sur mesure, on est d'accord ? Est-ce qu'il y a des types de bois spécifiques que vous aimez travailler tout le temps avec, que vous proposez peut-être beaucoup aux personnes ? Comment vous faites pour le choix des matériaux ?

[00:22:51.640] - Robert

Ça dépend aussi l'avis des clients, des couleurs qu'ils aiment, combien d'enfants ils ont, qu'est-ce qu'ils veulent faire avec la maison. Il y en a qui essaie pour vendre, donc c'est sûr que si tu veux vendre la maison, je ne vais pas te proposer du bois qui est un produit de luxe. C'est très cher et tu ne vas pas utiliser la cuisine. C'est vraiment pour donner un effet waouh à la cuisine. Ce qu'on va proposer à ce moment-là, c'est de la mélamine, du polymère, du thermo, ces produits-là. Chose qui n'est pas chère, qui est bon, quand même correcte et qui donne un effet waouh. Mais tu arrives chez un client où est-ce qu'il ne vit jamais dans la maison, c'est une personne seule, il voyage beaucoup, mais qui va avoir une belle cuisine quand les gens vont venir chez eux, ils vont faire: Wow, tu as une belle cuisine. Là, on va plus aller avec du MDF, par exemple. Parce que le MDF, on peut faire des modèles. Étant donné qu'on fait les portes nous-mêmes de MDF en usine, on les fabrique nous-mêmes, on est quand même capable d'avoir n'importe quel modèle que le client veut.

[00:23:45.070] - Robert

C'est vraiment du personalisé. On peut avoir n'importe quelle couleur de cuisine aussi avec du MDL. Ça, c'est un client qui habite seul dans un condo, puis quand il veut accueillir du monde, il veut montrer sa belle cuisine, puis que le monde fasse wow. Vous voyez, ça fait que le MDF va plus aller là-dedans. Sinon, un client qui veut avoir une couleur spécifique qui s'apparient bien avec le reste de ses meubles et tout ça, aussi, il va aller dans le MDF et le bois parce qu'on est capable de personnaliser encore une fois le modèle de porte dans le MDF. Et pour ce qui est du bois et du MDF, la couleur. On peut aller dans n'importe quelle couleur que le client désire avoir. Tandis que dans la mélamine ou dans le polymère, on n'est plus limité en termes de couleurs. Des fois, le gris, il n'est pas assez gris. Il est trop beige pour le client, ça ne marche pas. Il faut aller dans quelque chose de plus personnalisé. Mais en général, à 80% des projets, surtout par les temps qu'il faut, où est-ce que le monde n'a pas nécessairement des gros budgets pour aller dans du bois, on peut aller dans la mélamine, polymère plus souvent.C'est quand même un très bon produit à part qualité.

[00:24:48.700] - Manef

J'imagine que tu sélectionnes les projets au préalable. C'est quoi les critères de sélection ? Qu'est-ce qui fait en sorte que tu refuses un projet et que tu en choisis un autre ?

[00:24:56.470] - Robert

La personne.

[00:24:57.250] - Manef

Ok. Ce n'est même pas le projet en soi ?

[00:25:00.570] - Robert

Non. Je fais des projets autant à 6 000 $ que des projets à 150 000 $. Ça n'a aucune différence pour moi. Moi, mon but, c'est de réaliser un projet, d'être content dans le processus et aussi avoir les résultats qui est satisfaisant. Si je pouvais avoir un contrat à 150 000, mais que le client me bombarde tout le temps le courriel ou d'appels, ou que je vois que dans sa façon de parler, il y a quelque chose qui ne marche pas avec ma personnalité, je ne vais juste pas aller de l'avant. Ce n'est pas un projet qui m'intéresse. Je veux être content quand je travaille sur un projet. Si je ne suis pas content, si mon équipe n'est pas contente pendant le projet, ça ne m'intéresse pas. J'en ai refusé des projets, puis c'est correct comme ça.

[00:25:42.590] - Manef

Je comprends.

[00:25:43.340] - Robert

Je continue à rouler, mais c'est vraiment la personnalité du client que je veux trier plus que le budget. Le budget ne m'importe plus.

[00:25:50.570] - Manef

J'imagine que ça fait partie un peu des valeurs de votre entreprise en soi. Oui.

[00:25:54.170] - Robert

Autant dans les employés, j'ai souvent eu des demandes, des CV et j'ai rencontré les gens, mais tu voyais qu'ils sont un peu orgueilleux, ils ne prennent pas les critiques. Ça ne m'intéresse pas parce que surtout quand tu travailles avec de la clientèle comme les designers, il faut que tu sois ouvert à la critique. Les designers sont très minutieux. Ils vont regarder tous les détails, puis ils vont te reprendre sur les erreurs. Il faut que tu sois ouvert à la critique et démontrer que tu vas t'ajuster. Mais malheureusement, aujourd'hui, autant les ébénistes que les employés ne sont pas ouverts à ça, ils ne nous acceptent pas la critique. Ça, c'est très mauvais, autant dans l'entrepreneuriat qu'en tant qu'employé. Donc oui, ça fait partie de nos valeurs, autant dans le tri des projets que dans le tri de la main-d'œuvre.

[00:26:42.680] - Manef

Est-ce que les clients qui font partie du groupe, c'est soit on fait comme ça, soit non, on fait partie ?

[00:26:48.500] - Robert

Je n'ai pas compris, excusez-moi.

[00:26:49.630] - Manef

Ça veut dire qu'il y a certains clients qui sont, comme vous le dites, du côté entrepreneur, mais qui sont renfermés dans l'idée qu'ils veulent. Même si la couleur ne correspond pas, même si la manière de faire ne correspond pas, même si la pièce ne va pas être optimisée, ils veulent que ça soit fait de cette manière. Est-ce que ce type de projet, toi, tu le fais ou tu te plies vraiment à 1 100% au client ?

[00:27:11.480] - Robert

En fait, je n'ai pas vraiment eu de situation où est-ce que le client va me dire: Non, je le veux vraiment comme ça. Puis que moi, je ne veux pas être convaincu. Dans cette optique-là, où est-ce que le client veut quelque chose et moi, je ne suis pas convaincu, ça m'arrive très peu. Parce que le moment où est-ce que le client me demande un élément et que je ne suis pas convaincu que c'est la meilleure chose pour lui, je vais discuter avec lui, je vais argumenter avec lui: Ouais, mais ce choix que tu fais n'est pas bon pour ta situation. Tu as des enfants, si je te mets du MDF, puis ils lancent leur jouet sur tes portes en MDF, ça va te chipper, ça va te coûter cher à changer ta porte. De un, parce que si jamais moi, je ferme et tu vas demander une porte comme ça à un autre ébéniste, il ne va même pas te donner le temps. Il ne pourra peut-être pas avoir les capacités de te faire cette porte-là parce qu'il n'y a pas une chambre de peinture, il n'est pas capable de fabriquer des portes, il n'y a pas de fournisseur de porte.

[00:28:01.400] - Robert

C'est très compliqué comme processus éventuellement. Je vais vraiment embarquer dans ce qui est technique, oui, mais ce qui est pratique aussi pour le client. Souvent, le client, si jamais je n'arrive pas à le convaincre, lui, il va me convaincre. On va juste être content d'aller avec tel produit ou tel mécanisme ou quoi que ce soit, mais il y a une augmentation qui va se faire, il y a un dialogue qui va se faire avant. Je ne vais pas faire quelque chose juste parce que le client veut, mais que je ne suis pas convaincu. Convaincu. Ça va me faire envie, ça. Non, il faut que je sois convaincu. Il faut que ça fasse du sens pour les deux parties.

[00:28:37.780] - Manef

Suite à ça, j'aimerais bien avoir le meilleur projet que tu as fait, quelque chose de mémorable, et après, le pire. Il faut en choisir vraiment.

[00:28:47.500] - Robert

Le meilleur projet, il y en a beaucoup de projets que j'ai fait, mais il y en a un qui m'a vraiment marqué un spécifiquement. Ça, c'est parce que je n'avais pas Je n'avais pas porté bien attention au plan, quand j'ai donné mon prix, mais c'était des armoires Inset. Je ne sais pas si tu connais un peu ?

[00:29:09.690] - Manef

Non, pas du tout.

[00:29:10.270] - Robert

Les armoires de cuisine ou les armoires en général, normalement, la porte, elle vient s'appuyer sur les champs qu'elles sont. Donc, il n'y a pas de cadrage ici apparent autour de la porte. La porte, elle vient vraiment recouvrir. Quand toutes les portes sont fermées, tu vois juste un petit gap d' un huitième entre chaque porte et chaque façade. Mais une fois qu'on a commencé la fabrication, la designer m'a dit qu'elle veut, elle, avoir un cadrage autour des portes. J'ai fait: OK, écoute, on va faire ça. On ne l'a jamais fait, mais on va le faire. Mais là, le deuxième point, et après, pendant la production, elle me l'a dit, c'est: Je ne veux pas avoir de joints dans les cadrages d'armoire.

[00:29:58.800] - Manef

Ok.

[00:29:59.240] - Robert

Je ne sais pas si ça me suit ou je t'ai perdu ?

[00:30:01.110] - Manef

Un peu, mais je n'arrive pas à visualiser comment...

[00:30:04.040] - Robert

Dans le fond, normalement, tu as des facettes de tiroirs. Par exemple, tu vois ici le gap entre les deux portes ?

[00:30:10.590] - Manef

Oui.

[00:30:11.290] - Robert

Normalement, c'est le même gap qu'il va y avoir entre chaque caisson. Ici, dans ce cas-là, tu as un cadrage, mais normalement, il n'y a pas ce cadrage-là dans une fabrication de cuisine standard. C'est vraiment deux armoires collées ensemble, tu vas avoir quatre portes. Tu n'as pas les cadrages, les côtés que tu vois en ce moment. Ok. Elle, elle voulait avoir ces côtés-là, finalement. Mais tu vois, il y a un joint entre le côté et le top de ton cabinet, elle ne voulait pas de joint.

[00:30:38.740] - Manef

Ok. Ça veut dire que ça va être un seul élément ...

[00:30:45.250] - Robert

Une pièce.

[00:30:46.120] - Manef

Ok, je comprends. Parce que là, il était en train de me montrer directement un meuble sur place. Je veux que je puisse comprendre. Donc, essayer de visualiser le meuble en parallèle.

[00:30:55.520] - Robert

C'est quand même quelque chose. On a fait la vidéo, justement, il y a un mois, mais je ne l'ai pas encore diffusée. Mais quand ça va être diffusé, vous irez voir. Mais c'est des cabinets de type Inset. Donc c'est vraiment à l'intérieur d'un cadrage, des portes qui s'intègrent et les tiroirs. Moi, je n'avais jamais fait de ça. Puis mon père non plus, il n'avait jamais fait ça. J'imagine, le défi, c'est: Mon père, il a 60 ans, lui, il n'est plus ouvert à apprendre comment faire des avants comme ça. Lui, il me dit: Je vous donne le dépôt. Il ne le fera pas faire ailleurs, ça ne marche pas. D'un, le budget est trop bas, le prix que tu as pris est trop bas, puis de deux, on n'a jamais fait ça.

[00:31:34.190] - Manef

Sans indiscrétion, combien de budget pour ce projet ?

[00:31:38.770] - Robert

Normalement, une cuisine Inset, il y avait à peu près 40 à 50 000. Dépendamment des produits.

[00:31:44.990] - Manef

Elle était loin ?

[00:31:45.650] - Robert

Elle était pas mal limitée en termes de produits. Il faut que tu fasses ça soit en MDF ou en bois pour avoir les résultats qu'elle voulait. Mais une cuisine de la même taille, c'était à peu près 20, 25, 30 000. C'est ça que j'ai chargé. Dans cette vraie carte-là à l'heure de prix. Donc, déjà là, dès le départ, on n'était pas dedans. Mais de un, moi, je n'aime pas le terme extra. Donc, je ne voulais pas dire à un designer ni au client qu'il y a un extra finalement de 10, 15 000 parce que tu vas avoir des armoires de même. Les plans, ils l'indiquaient que c'était des armoires Inset, mais moi, je n'avais pas vraiment l'expérience pour discerner que c'était ça que voulait la designer. Je l'ai appris après, mais j'ai fait: OK, écoute, ça va être un projet d'apprentissage, ça va être correct comme ça. On va l'avoir fait une fois, peut-être qu'on va devoir le faire la prochaine fois pour un autre gars, puis là, on va avoir déjà une base, donc on va pouvoir, de un, charger en conséquence et de deux, ce sera plus facile à réaliser éventuellement.

[00:32:44.380] - Robert

Donc, j'ai, je n'ai pas dit ce projet-là juste en termes d'apprentissage plus qu'en termes de profit financier. Le défi était là. C'était de faire des cadrages pour chaque armoire mais sans joint. Le projet était en MDF. Ce n'était pas en bois, c'était vraiment en MDF. Les largeurs que vous voulez de cadrage étaient tellement petites qu'en MDF, c'était quasiment impossible de le faire. Mais éventuellement, on a réussi à le faire. J'ai fait beaucoup de calculs parce que quand tu as un cadrage, il faut que le gap entre la porte et le panneau, le cadre soit le même partout.

[00:33:20.820] - Manef

Oui, bien sûr.

[00:33:22.500] - Robert

Il ne faut pas avoir un gap de un huit là, un seize là, un huit là, un trois seize là, que ce soit exactement pareil. Si on n'avait pas eu de machine CNC, je n'aurais jamais pu le faire. Une machine CNC, c'est un robot qui va venir découper tes portes, tes panneaux, tes caissons et tout ça. Nous, on a une machine comme ça, un robot qui va couper. Ça montre qu'on est capable d'ajuster au 0,01 millième de millimètre. C'est très précis. Si je n'avais pas eu cette machine-là, je n'aurais jamais pu le faire. Mais étant donné que j'avais cette machine-là, ça a fait... On a eu quand même beaucoup d'essais d'erreurs dans ce projet-là. De un parce que les gaps, vu que c'est du MDF, il faut considérer le gap à garder entre chaque passade et cadrage et porte et cadrage, mais aussi, il faut considérer l'épaisseur de la peinture. Une fois que tu pulvérises ces matériaux-là, ça vient changer aussi de dimension. Ça, c'est des calculs qu'il faut que tu fasses et des tests qu'il faut que tu fasses.

[00:34:19.610] - Manef

Donc, tu prends le s'ajouter de peinture, tu soustrais ça ....Pour faire moins ?

[00:34:24.920] - Robert

Exact. Comment tu calcules ça ?

[00:34:26.900] - Manef

Je ne sais pas.

[00:34:28.590] - Robert

Juste pour te dire, juste avant de pouvoir commencer ce projet-là, à couper ce projet-là, on a fait des tests pendant deux, trois semaines. Juste des tests. Juste des tests: couper, assembler, pulvériser, couper, assembler, pulvériser, mais juste des tests. On n'a pas encore les caissons. Après trois semaines, on a essayé un caisson, on l'a fait à trois tiroirs, puis un autre caisson à deux portes. On a vu que ça marchait, que tous les calculs étaient bons, on est parti à la production. Mais ça, je te parle de la facette calcul, je ne te parle pas de la facette découpe, dans le sens que on a eu le challenge de calculer les gaps, mais aussi, il y a eu le challenge que les panneaux, quand ils sont découpés, qui ne bougent pas sur la machine. Parce que la machine, elle marche par suction, par air, donc elle succionne le panneau et elle découpe. Mais à la vitesse de la mèche, ton panneau, s'il n'est pas large, il n'y a plus de place où est-ce que l'air aspire le panneau.

[00:35:23.720] - Manef

Ça ne reste plus collé.

[00:35:25.970] - Robert

Ça ne reste plus collé sur la machine, donc ça se déplaçait. Tu voyais des panneaux leur voler de la machine. Ça fait 20 000 tours par minute, par seconde. Non, par minute, excuse. 20 000 tours par minute. Ça, ça a volé. Ça aussi, ça a été un grand défi. Ce projet-là nous a permis d'apprendre beaucoup de choses. D'un, comment faire des armoires in-set, les matériaux que ça prend, les types de matériaux qui peuvent être réalisés dans des tels projets. Ça m'a appris qu'il faut que je lise les plans mieux que je faisais. De quatre, ça nous a permis ça nous a appris encore plus de choses, mais ça nous a appris à être encore plus minutieux dans notre travail, voir que même la peinture ou la façon que les choses sont coupées ont un effet sur les résultats. Dernièrement, ce que ça nous a appris, c'est l'utilisation de la machine. Nous, ça faisait un an qu'on avait la machine dans le temps, donc on ne savait pas à 100% comment utiliser les différentes options disponibles avec la machine. En ayant ce défi-là, notamment de panneaux qui se déplacent sur la machine, on a pu consulter l'entreprise, le fabricant de la machine, pour nous donner les différentes possibilités, options qu'on peut activer pour limiter le déplacement des panneaux.Ça nous a permis aussi d'apprendre plus sur la machine.

[00:36:42.530] - Manef

Excellent.

[00:36:43.080] - Robert

Ça, c'était un projet quand même avec beaucoup de défis, beaucoup d'apprentissage. Un projet moins intéressant, c'est ça que tu veux dire, un exemple de... Le pire projet.

[00:36:55.660] - Manef

Le pire, vraiment.

[00:36:57.780] - Robert

Le pire, c'était, c'était peut-être il y a six ans, dans nos débuts. Dans nos débuts, c'était vraiment le pire parce qu'on n'était pas équipés comme on est aujourd'hui. On avait vraiment des machines élémentaires. Je veux dire, un Bansy à 2 000 $, 3 000 $. Tu mets ça dans un garage, tu ne mets pas ça dans une usine. On roulait avec ça, puis on avait une machine de Edge à 8 000 $, neuve, même pas usagée, à 8 000 $. C'est vraiment neuve à 8 000 $. La machine de Edge, c'est pour faire des champs. Des champs de caissons. La qualité qui en ressort quand tu utilises des machines comme ça n'est pas la même que quand tu as des machines à 500, 600 000 $.

[00:37:40.630] - Manef

J'imagine.

[00:37:41.670] - Robert

On avait fait un projet il y a six ans dans un logement. C'était un logement locatif. C'était de la mélamine effet bois. Quand on coupait ça sur le bande-ci, il y avait tout le temps des chips, il y avait tout le temps des éclats de mélamine. Parce qu'on n'avait pas de mèche scoring qui faisait la ligne avant que la grosse mèche coupe. Donc, ça faisait tout le temps des éclats de mélamine.

[00:38:07.350] - Robert

Donc, la qualité était vraiment pourrie. Quand on faisait les bandes de edge, tu avais tout le temps du blanc sur les panneaux, sur les bordures, des portes ou des panneaux, parce que la mèche n'était pas assez bonne pour bien enlever le edge sans faire de marques sur les portes. Ça, on s'est calé avec la cliente. C'était les débuts de l'entreprise, ce n'était rien d'agréable, vraiment. Il n'y a Il y a rien dans ce projet-là qui allait bien. Autant au niveau de la négociation, il y a de l'entente, il y a de la fabrication, il y a de l'installation. Il y a rien qui allait bien. Il y avait un clash de personnalités entre moi et la cliente. C'est depuis ce projet-là que là, j'ai compris qu'il faut vraiment que je choisisse les clients que je reçois. Ce n'est pas parce que les clients sont mauvais, c'est juste que des fois, la personnalité ne matche pas. Ça, c'est très important dans un projet.

[00:38:54.880] - Manef

C'est frustrant, ça.

[00:38:55.840] - Robert

Dans une réno, c'est comme un mariage. Tu vas tout le temps côtoyer cette personne-là, autant par écrit que par vocalement qu'en personne. Donc, si ça ne marche pas entre les deux, le projet a des fortes chances de ne pas bien aller. Ça, c'était le pire projet. Ça fait sept ans de tout ça. C'était dans mes débuts où est-ce que j'étais vraiment sérieux dans le domaine.

[00:39:18.680] - Manef

Mais ça vous permet de step up après une expérience comme ça ?

[00:39:21.490] - Robert

Après ça, j'ai compris l'importance d'avoir des bonnes machines.

[00:39:23.850] - Manef

Exact. En fait, comment moi, je le visualise, de ce que vous venez de me dire, c'est qu'on devient ébéniste après quand on ait maîtrisé certaines techniques spécifiques ou personnelles à l'ébéniste en lui-même. Comment faire ça ? Comment faire ça ? Mais j'ai l'impression qu'au fur et à mesure des projets, à chaque projet, tu peux apprendre quelque chose de nouveau, une nouvelle technique ou une machine que tu as depuis deux, trois ans, tu t'aperçois qu'elle peut faire aussi ça, ça, ça. Donc, il faut vraiment être à l'affût. Il y a toujours un step-up tous les ans, je pense, en matière de en matière de manière de faire ou de machine ou autres. Et ce n'est pas évident d'avoir une mise à jour par rapport à tout ça. Donc, peut-être, ça dépend d'une personne à une autre. Mais toi, personnellement, je sais que le fait de te lancer et même si le projet en soi, au début, il te paraît complexe ou tu ne sais pas comment le faire, tu te dis: OK, je vais voir comment je vais trouver une solution. Et c'est ce mindset-là d'exceller et de trouver une solution, même si tu ne connais pas la réponse déjà de base, de perfectionner et d'inventer des nouvelles techniques en soi.

[00:40:31.140] - Robert

A 100%. Mais c'est comme tu m'avais demandé au début, c'est quoi les compétences que ça prend pour être un ébéniste ? Je l'ai dit, il faut être minutieux et avoir la passion. Sans la passion, je ne me casserais pas la tête. Si je suis là-dedans pour les finances ou pour le profit, je ne vais pas aller là-dedans Certainement. Si je trouve que c'est trop compliqué, que là, je suis supposé passer deux heures sur un projet, mais j'en passe quatre, oublie, cancel le projet, je n'avancerai pas et j'apprendrais pas. Donc oui, effectivement ça prend de la passion. Puis tu m'as posé aussi qu'est-ce qui te garde passionné. Dans ce domaine-là, c'est le fait de justement être en constant apprentissage. Tu as mentionné à chaque année, tu as des nouveautés, mais ce n'est pas à chaque année. Littéralement, c'est à chaque projet, tu as des nouveautés. Surtout quand tu as... Même pas sur le côté des designers, mais tu as étudié tout le temps avec des gens différents, avec différents clients qui ont différents styles de vie, qui ont différents besoins, qui ont différentes demandes. Il faut que tu t'informes, que tu te renseignes pour répondre à leurs différents, ça te pousse à tout le temps progresser et à t'améliorer. Souvent, l'ébénisterie, surtout quand tu as une équipe, tu as tout le temps des lacunes ou des choses à améliorer, que ce soit au niveau de la réalisation d'un projet que de ta relation avec le client, que ta relation avec les employés, la gestion de ta main d'œuvre, la logistique de tout ça. Tu as plusieurs facettes dans lesquelles tu peux apprendre. Tu es toujours en constante évolution à chaque projet, même pas à chaque année. Vraiment à chaque projet.

[00:41:58.520] - Manef

Il faut être à l'affût des tendances aussi. Ça fait en sorte de...

[00:42:01.530] - Robert

Oui, les tendances aussi. Il y a beaucoup de tendances, donc il faut être à l'affût de tout ça.

[00:42:05.650] - Manef

Est-ce qu'il y a une différence entre vos débuts en tant qu'ébéniste et maintenant ? Ça veut dire que, est-ce que vous pensez que le métier d'ébéniste, tout de suite, avec tout ce qu'on a comme appareil, comme machine ou autre, est plus facile ? Qu'avant ?

[00:42:16.680] - Robert

Oui, 100%. Je te donne un exemple tantôt de la cuisine avec des armoires Inset. Se faire ça à la main, nous, ça a pris trois semaines de test. Je ne m'imagine même pas sans la machine combien de temps que ça peut prendre. C'est c'est très laborieux, c'est long, c'est beaucoup de découpe. Juste en découpe d'armoire, nous, on a à peu près eu pour trois jours dans ce projet-là. Normalement, une cuisine, c'est une journée, c'est coupé. Ça, c'était trois jours de découpe. C'était très compliqué. Juste de découpe, pas de test. On était vraiment rendu à l'étape de fabriquer la cuisine, donc ça a pris trois jours. Donc, imagine si ce serait une personne qui travaille avec des machines manuelles, pas de CNC, ça va prendre quoi ? Une semaine ? Une semaine pour découper seulement ? Tu n'as pas encore fait d'assemblage, tu n'as pas encore fait tes trous de tu n'as pas fait de trous de peinture, tu n'as pas rien fait. Tu as juste découpé des panneaux, littéralement. Et ça, c'est ça les calculs que tu dois faire avant. Moi, exemple, la CNC, quand je la programme, je mets la largeur du cabinet, hauteur, profondeur puis elle, elle va calculer les morceaux qu'elle doit cacher.

[00:43:17.350] - Manef

Mais c'est automatique, c'est robotique.

[00:43:18.670] - Robert

C'est automatisé. Tandis que faire le même projet... J'ai déjà eu un gars que j'ai essayé pendant deux jours, puis après ça, je l'ai mis dehors, mais j'avais donné des plans de deux vanités, puis ça lui a pris une journée et demie juste pour sortir les mesures de ce qu'il doit couper.

[00:43:32.890] - Manef

Ok, quand même.

[00:43:34.170] - Robert

Une journée et demie, moi, dans ma tête, ça n'a pas de sens, mais moi, je suis aussi maître d'entreprise, donc c'est sûr que ça me prend beaucoup moins de temps. Mais, tu me disais tantôt, est-ce qu'une personne qui fait ça elle-même, est-ce qu'elle pourrait... C'est quoi ? Tu m'avais demandé ?

[00:43:50.440] - Manef

Le fait d'être partout dans l'entreprise et de tout gérer.

[00:43:53.200] - Robert

Exact. Une personne qui n'est pas capable de sortir des mesures de cabinet va donner ça à quelqu'un d'autre pour le faire. Tu vas payer en conséquence une journée et demi pour des vanités je ne te parle pas de cuisine. Tandis que moi, vu que je suis capable de faire ce débitage-là, de calculer les panneaux et tout, ça va me prendre deux heures, ça va être fait. Je viens de communiquer une journée de salaire d'un employé.

[00:44:14.660] - Manef

Je comprends.

[00:44:17.330] - Robert

Juste à cause de ce que j'essaie de faire.

[00:44:18.780] - Manef

On va dire que l'investissement n'est pas rentable à partir de ce moment-là.

[00:44:22.980] - Robert

Non, pas dans ce cas de figure-là. Non, pas dans ce cas de figure-là. Ici, tu dois grandir puis avoir des employés, il faut que tu saches aussi comment faire chaque étape du processus parce que tu es le leader à la fin, c'est toi le maître d'entreprise. Tu es supposé savoir les leader, tu es supposé savoir leur apprendre comment faire les choses plus rapidement. Si tu fais juste engager du monde basé sur ce qu'eux te disent qui sont bons dedans, tu vas penser que le gars qui a pris une journée et demi à sortir des mesures de vanité, c'est normal. Tu vas faire: C'est ça que ça prend. Lui, il m'a dit qu'il a 10 ans d'expérience. Il faut savoir de quoi il parle, mais pas du tout. Pas du tout. L'ébénisterie, c'est un domaine où est-ce qu'il faut vraiment que tu aies touché à tout. Il y a beaucoup de gens que je connais qui ont investi dans des ébénisteries, mais ils ne connaissaient rien à l'ébénisterie, absolument rien. Mais c'étaient des investisseurs, ils ont fermé. Ils ont fermé parce qu'ils se fient sur des gens basés sur ce qu'ils leur disent, mais ils ne savent rien du domaine, donc il faut en voir dans un certain sens. Mais c'est un domaine où est-ce qu'il faut que tu connaisses chaque étape du processus de un pour bien guider ton équipe, puis savoir ce qui est rentable et ce qui n'est pas rentable parce que c'est un domaine, encore une fois, qui est manuel.

[00:45:33.250] - Manef

Exact, vous allez en venir.

[00:45:34.720] - Robert

Il peut y avoir beaucoup de pertes financières sans que tu le saches. Les employés, tu ne vas pas aller vérifier comment il tient son marteau. Je comprends. Tu ne vas pas le vérifier à ce point-là. Lui, il va juste utiliser tel outil: Ça ne marche pas, on va en essayer un autre. Moi, il ne marche pas, on va en essayer un autre. Il faut que j'aille faire de quoi là-bas, dans tel coin ? Il va aller à l'autre bout de la shop: Il a perdu deux minutes là, il va revenir, il ne va avoir rien fait. Mais c'est beaucoup de perte de temps. Ici, tu ne sais pas combien de temps que chaque élément de ta manufacture prend et que tu fais juste rely on others, tu vas te faire avoir. C'est important, c'est un domaine où il faut vraiment que tu ailles la main à la pâte.

[00:46:19.380] - Manef

Faut être à l'affût.

[00:46:20.250] - Robert

Du moins au début, pour savoir comment guider ton entreprise, tes employés. Puis dans un certain sens, ça va affecter tes prix. Oui. Tu vois ? Toi, dans ta tête, c'est normal qu'un gars sorte la liste de matériaux ou de découpe, puis après une journée et demie, toi, tu vas charger en conséquence. Tu vas faire: Je vais devoir calculer deux journées pour sortir ça, deux jours, trois jours pour couper, deux, trois jours pour assembler des vanités. On parle de vanité de salle de bains. Tu es rendu à sept, huit jours de main d'œuvre, combien tu vas la vendre la vanité ?

[00:46:55.890] - Manef

Ça va décupler.

[00:46:57.640] - Robert

C'est fou. L'effet exponentiel, l'effet et sur plusieurs sphères de l'entreprise, si tu n'as aucune connaissance en ébénisterie, c'est un domaine qu'il faut que tu connaisses. Il faut que tu touches à chaque aspect parce que ça va t'affecter sur tous les aspects de ton entreprise.

[00:47:12.040] - Manef

Ça tourne autour... Pour moi, les métiers de ce type là, les métiers manuels, c'est vraiment... C'est appelé manuel, ce n'est pas pour rien. Même comme tu viens de le dire, côté investisseur ou autre, ce n'est pas le type de business où tu peux juste dire: Je vais mettre ça, et ça. Exactement. C'est vraiment, il faut savoir dans quoi tu t'embarques. Il faut savoir comment c'est fait, combien de temps ça prend. Savoir si c'est rentable à la fin ou pas, mais il faut vivre vraiment l'expérience. Juste, si on revient vite fait par rapport à la machine que tu disais CMC. Moi, je veux savoir quelque chose qui m'intrigue. Ce type de machine-là. Parce qu'en vrai, l'ébénisterie, si on recule un peu en arrière, on parlait d'artisanat. Tantôt, il y a une certaine manière de faire, il y a une certaine identité par rapport à ce métier-là. Est-ce que tu penses que les machines de ce type, cette envergure qui sont un peu automatisées, est-ce qui tuent l'aspect artisanal de la job ?

[00:48:09.380] - Robert

Ils le tuent, mais reprend tout le temps en demande du marché. Le marché, il s'en fout de c'est qui le fabrique, l'armoire ou la table, de ce que moi, je sais, de ce que je connais, moi, à la fin de la journée, oui, ils vont plus être enclins à aller vers des personnes qui ont une certaine réputation, mais pas au point de devoir payer le double du prix.

[00:48:29.350] - Manef

Je comprends.

[00:48:30.520] - Robert

Ce que je veux dire, c'est que si une table, elle vaut 500, puis toi, tu as vendre 3000 parce que c'est toi qui la fabriques, les chances sont très minimes que la personne va t'acheter la table, mais à la fin, que ça fasse du sens pour le client. Oui, c'est vrai. Oui, tu enlèves l'aspect artisanal de la chose, mais c'est en réponse à la demande des clients d'aujourd'hui, de notre génération. Ce n'est plus comme avant. Il n'y a plus autant de fierté dans ce qu'on achète. Là, la fierté, elle est: Tu as vu cette table-là ? Oui. Combien je vais payer ? 2000. Je vais payer 500. Tout le monde trouve le même.

[00:49:04.880] - Manef

C'est en mode le meilleur deal.

[00:49:06.440] - Robert

J'ai un bon deal. Tu penses que ça vaut 2 000, mais j'ai payé 500. Tandis que si le gars te dit: Je pense que ça vaut 2 000, tu vas te faire: Non, j'ai payé 5 000 pièces. Pourquoi tu pensais 2 000 ? Ça n'a pas l'air d'être une table à 5 000. Je comprends. Tu es fait de classer. C'est vraiment en réponse au marché qu'il faut que tu aies dans des machines de main et tu ne peux plus te baser sur l'aspect artisanal, la chose... Les gens ne valorisent plus ça. C'est pour ça aussi que tu en trouves de moins en moins des ébénistes de fournitures ou de mobilier, parce que le temps que ça prend à fabriquer, c'est énorme. Ça prend beaucoup de temps de minutie. Tu fais un set de six chaises avec des pâtes travaillées, c'est tout fait à la main. Il faut vraiment que ta groove ou ta ligne soient constantes, pareil. Sur chaque chaise, c'est quand même un méchant défi. C'est beaucoup de travail. Pour le temps que ça prend, ce n'est pas rentable et c'est aussi très... Comment je pourrais dire ? C'est un volet de l'ébénisterie qui n'est pas scalable. Tu ne peux pas vraiment engager des gens qui vont faire des tables ou des chaises de type artisanal. Tu vas faire, oui, des tables, chaises carrées, rectangulaires. Ce n'est pas quelque chose de ce n'est pas quelque chose de personnalisé. Tu vas pouvoir faire ça, oui, mais si tu parles de l'ébénisterie artisanale, c'est des choses qui sont personnalisées. Il faut que ce soit toi qui le fasse.

[00:50:38.110] - Manef

Sinon, ça n'a pas la même valeur.

[00:50:39.740] - Robert

Ça n'a pas la même valeur. Ce n'est pas que ça n'a pas la même valeur, c'est que tu ne peux pas transmettre l'idée à un employé, puis l'employé ne va pas prendre ça à cœur, à hauteur.

[00:50:45.280] - Manef

Il va la faire selon lui.

[00:50:47.320] - Robert

Exact, c'est très, très subjectif.

[00:50:49.620] - Manef

Très personnel, limite.

[00:50:50.680] - Robert

Exact. Moi, je ne vais pas dans ce domaine-là parce que je ne vois pas d'avenir là-dedans. J'aime le domaine, mais pas au point d'être à 65 ans en train de sabler des pâtes de chaise. Ça, ça ne m'intéresse pas.

[00:51:02.300] - Manef

Pour finaliser tout ça, on va rêver un peu. Si on se projette 20, 30 ans en avant, comment tu perçois le métier d'ébénisterie ? Bien sûr, on a la vision qui est de... C'est robotique de partout. Tu n'as rien à faire, juste entrer, quelques chiffres ici. Et ça sort, c'est prêt. En quelques secondes, quelques minutes, comment tu visualises tout ça?

[00:51:30.550] - Robert

Dans 20, 30 ans, les armoires de cuisine, ça va être du Uber Eats. Non, littéralement. Tu vas pouvoir choisir ton cabinet sur une application. Une dimension, tu vas pouvoir les rentrer parce que le monde va avoir les compétences minimales que ça prend pour prendre des mesures. Est-ce que ça va être quelque chose de beau, esthétique ? Pas nécessairement. Je ne pense pas qu'on s'en va vers quelque chose que quand tu regardes une cuisine, tu vas faire autant wow. Ça va être plus des cuisines ou est-ce que ça va être épuré. Donc, le moins de cabinets possible et tout ça, donc le moins compliqué possible. Et ça fait en sorte que les gens vont pouvoir commander leurs armoires sur des applications. Ça va être le strict minimum qu'ils ont besoin d'avoir. Je pense qu'on s'en va vers ça et surtout que les gens, de nos jours, ils savent de moins en moins cuisiner. La cuisine occupe une importance, en termes pratiques, très fine, une importance très fine. C'est vraiment plus au point de vue esthétique. Vu que tout va être robotisé, les coûts vont être moins chers qu'actuellement. Donc, ta cuisine, tu vas la changer beaucoup plus souvent que maintenant. Donc, pour t'adapter aux tendances. Je pense que les gens vont plus aller comme ça, donc commander carrément des armoires de cuisine, engager quelqu'un pour les installer, voire même eux autres les installer parce qu'il y a beaucoup de vidéos YouTube qui apprennent comment faire et les gens sont de plus en plus à la maison, donc ils faire eux-mêmes. Je pense que dans 20, 30 ans, du moins, on va être rendus avec des armoires Uber Eats.

[00:53:07.060] - Manef

Ok. On va commander ça en ligne via application directe. Ça va être livré d'abord chez nous.

[00:53:12.440] - Robert

100%.

[00:53:13.150] - Manef

On colle, on visse et c'est réglé.

[00:53:15.140] - Robert

That's it.

[00:53:16.860] - Manef

Dans le fond, où on peur trouver “Ébénisterie GMRS” ?

[00:53:22.100] - Robert

Partout. On y est sur Google, sur Instagram, Facebook, YouTube, LinkedIn, Pinterest. On est partout.

[00:53:30.740] - Manef

Parfait. Le projet dont on a discuté tantôt avec les portes d'armoire un peu...

[00:53:37.100] - Robert

Inset ?

[00:53:37.350] - Manef

Oui, c'est ça. La vidéo n'est pas encore mise en ligne.

[00:53:40.200] - Robert

Elle n'est pas encore mise en ligne. Elle est encore au stade de editing. Elle a été photographiée il y a à peu près un mois.

[00:53:49.370] - Manef

Ça va être disponible d'ici environ ?

[00:53:51.940] - Robert

Je ne sais pas, honnêtement. Je suis en retard sur beaucoup de vidéos de projets qu'on a réalisés depuis quasiment deux ans, mais je les diffuse pas parce qu'on a tellement de demandes que dès que je diffuse ou je mets des stories ou des posts, ça attire des gens. J'ai comme trop de demandes actuellement pour en attirer encore plus.

[00:54:11.320] - Manef

Excellent.

[00:54:12.480] - Robert

Ça viendrait éventuellement.

[00:54:14.240] - Manef

C'est sûr. C'est good. J'étais avec Robert Saman, d'Ebénisterie GMRS. Ça m'a fait plaisir de discuter.

[00:54:20.640] - Robert

Moi aussi.

[00:54:20.990] - Manef

C'était extrêmement intéressant. Je pense qu'il y a beaucoup d'infos à en tirer.

[00:54:24.640] - Robert

On pourrait en continuer pendant des heures encore.

[00:54:28.370] - Manef

C'était cool. J'espère, pourquoi pas, vous revoir dans le futur, histoire d'aborder peut-être un autre sujet.

[00:54:33.400] - Robert

Certainement.

[00:54:34.380] - Manef

Quelque chose d'autre, généralement. C'était Manef avec vous. Ça m'a fait plaisir comme d'habitude et je vous souhaite une bonne journée. Je vous dis à la prochaine pour un prochain épisode. Bye bye.


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