Aujourd’hui, 48% des entreprises de construction de plus de vint-cinq salariés embauchent des femmes. Si elles ne représentent encore que 3.8% de l’ensemble des salariés du secteur, le combat a été long pour en arriver là. Pourtant, après avoir lu cet article, vous comprendrez combien il est difficile d’imaginer une équipe performante sans leur présence à côté des hommes. 

Découvrez pourquoi la féminisation des métiers est non seulement saine, mais aussi une aubaine pour une industrie durement touchée par le manque de main-d’œuvre. 

Pourquoi privilégier le bassin d’emploi des femmes dans la construction?

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Sur le site de l’ACQ (association de la construction du Québec), on peut lire que l’emploi de femmes dans l’industrie de la construction permet d’avoir une équipe plus performante et plus innovante. Et ce n’est pas une argumentation vide de sens. Bien au contraire!

Au niveau du travail de terrain, une étude de l’Université de Floride a permis de déterminer des forces et des faiblesses distinctives entre hommes et femmes. Mais il y a aussi de nombreux points sur lesquels les deux sexes sont spécifiquement identiques : 

• La perception spatiale; 

• La dextérité; 

• Les mathématiques; 

• La supervision des tâches; 

• L’impulsivité; 

• La créativité; 

• Le contrôle de soi; 

• L’organisation. 

Qu’est-ce que cela signifie? Que l’efficacité d’un groupe repose sur la compensation des faiblesses des uns avec les forces des autres, et réciproquement. Autrement dit, un groupe uniquement composé d’hommes ou de femmes, ne sera jamais aussi efficace qu’un groupe mixte car, dans ce dernier, les faiblesses des uns sont mieux compensées par les forces des autres, et vice-versa. 

De plus, l'étude McKinsey a révélé que les entreprises ayant une direction composée de femmes et d’hommes, avaient 25% plus de chances de générer des bénéfices supérieurs à la moyenne. En engageant des femmes, vous ne faites pas qu’améliorer la synergie de vos équipes, vous pouvez aussi profiter d’un avantage concurrentiel déterminant.  

Par exemple, la National American University (NAU) souligne que l’attention des pouvoirs publics est aujourd’hui portée sur la présence ou non de femmes, dans les effectifs des sociétés qui répondent à des appels d’offres. Autrement dit, la seule présence de femmes dans les effectifs peut également aider à remporter des marchés. 

Les femmes en construction : des discriminations encore aujourd'hui

L'intégration des femmes sur les chantiers

Qui dit masculinité, dit potentiellement machisme et comportements déplacés. L’intégration des femmes sur les chantiers de construction demande donc de revoir les valeurs et les normes qui sont celles de cette industrie, et qui mène encore trop souvent : 

• Au harcèlement sexuel et psychologique; 

• À la discrimination; 

• À l’intimidation. 

Ainsi, le Conseil du statut de la femme, dans un avis rendu en 2013, n’hésitait pas à écrire que « dans le secteur de la construction, les droits fondamentaux des travailleuses sont souvent bafoués », alors que « ce n’est pas tant le manque de force physique ou l’absence de compétences qui restreignent la participation des femmes dans l’industrie de la construction », qu’une « discrimination systémique » de la part de leurs collègues masculins. 

L’intégration des femmes sur les chantiers de construction impose des mesures pour instaurer un véritable accès à l’égalité. C’est pourquoi la CCQ priorise systématiquement les candidatures féminines sur la plateforme Carnet référence construction, c’est-à-dire là où les employeurs viennent choisir leurs travailleurs. 

Ce n’est pas tout. Pour encourager les patrons à employer des salariées, le programme d’accès à l’égalité des femmes dans l’industrie de la construction (PAEF) propose de financer 30% du salaire de la nouvelle recrue durant 52 semaines (limite de 10 000$), via le PFFE (programme de formation des femmes en entreprise). 

Différences hommes/femmes : le physique fait-il la différence?

On le sait tous, les hommes sont généralement plus puissants et plus endurants que les femmes, de l’ordre de 10% par rapport à leur masse corporelle respective . Sauf que les chiffres bruts sont plus extrêmes. Ainsi, la masse musculaire dans le haut du corps d’une femme est en moyenne 40% à 60% plus faible que celle d’un homme. Pour les jambes, c’est 20% à 25% d’écart pour une taille et un poids moins important. 

Voici autant de facteurs anthropométriques et physiologiques qui devraient légitimer l’inégal accès des femmes dans les métiers de la construction, connus pour être parmi les plus pénibles physiquement (30 000 blessures liées à l'effort entre 2013 et 2017 au Québec). 

Sauf que la réalité est bien plus complexe que ces chiffres. D’une part, les métiers de la construction ne se limitent pas à la seule force physique. D’autre part, en moyenne, hommes et femmes se valent souvent. La variabilité montre que dans un groupe, le rapport poids-puissance tend à se croiser entre hommes non entraînés et femmes entraînées.

L’intégration des femmes sur les chantiers prend donc tout son sens, car les différences anthropologiques et physiologiques, bien qu’elles existent, ne constituent en aucun cas des freins. En effet, certaines femmes, comme certains hommes, possèdent tout simplement le physique de l’emploi.  

De plus, quand on parle du secteur de la construction, on ne se limite pas aux emplois occupés sur les chantiers de construction, car la présence de femmes est également extrêmement importante aux postes de direction. Et dans ce cas, les différences physiques n'ont plus la moindre importance.

Dispositifs favorisant l'accès des femmes aux métiers de la construction

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Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)

Créé en 1982, il œuvre également au profit des femmes du secteur de la construction pour : 

• Découvrir les métiers; 

• Accéder à la construction et au secteur minier; 

• Maîtriser le droit du travail; 

• Comprendre l’intégration, la gestion de la mixité et le maintien en emploi; 

• Découvrir les politiques gouvernementales d’accès des femmes à l’emploi; 

• Connaître les programmes d’accès à l’égalité; 

• Découvrir les actions concertées pour l’accès des femmes aux emplois majoritairement masculins. 

Le programme Maternité sans danger de la CNESST

Le but de ce programme est de maintenir les femmes enceinte en emploi, tout en ôtant toute prise de risque pour leur santé et celle de leur enfant à naître, en leur permettant de changer de fonction le temps de la grossesse. 

En l’absence de poste à occuper, la salariée doit pouvoir avoir droit à un retrait préventif. C’est-à-dire qu’elle arrête de travailler et reçoit en contrepartie des indemnités qui viennent remplacer son revenu. 

Évidemment, des conditions sont à remplir. Ces dernières sont accessibles sur le site de la CNESST. 

Des formations et coaching disponibles au Québec

Différents programmes ont été mis en place pour garantir une formation de qualité aux femmes, et leur offrir les mêmes opportunités d’emploi que les hommes. 

Programme pour la formation des femmes en entreprise (PFFE)

Le PFFE (programme pour la formation des femmes en entreprise), dont nous avons parlé en évoquant la prise en charge de 30% du salaire d’une recrue féminine au profit de son employeur.  

Du côté des femmes, le PFFE aide les apprenties en leur donnant les clefs pour s’intégrer dans un environnement très majoritairement masculin. 

Programme d'accès à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction (PAEF) 

Son objectif ultime est clairement affiché : éliminer la sous-représentation des femmes dans l’industrie de la construction. Si cet objectif est encore loin d’être atteint, il va sans dire que la situation des femmes s’est quand même grandement améliorée depuis sa mise en œuvre en 2015.En effet, en 2021, l’industrie de la construction comptait enfin 6 234 femmes, soit 3.27% des actifs. Et la hausse est même tendancielle, puisque 2022 a compté 7 200 femmes, soit une progression de 15% par rapport à 2021, et 2023 en a compté 7 470 (+3%).

Pour y parvenir, le PAEF mise sur six objectifs : 

• Objectif 1 : susciter l’intérêt des femmes pour les métiers de la construction; 

• Objectif 2 : favoriser l’accès à la diplomation des femmes; 

• Objectif 3 : modifier les règles d’accès de la main-d’œuvre pour favoriser les femmes;

• Objectif 4 : adopter des mesures de discrimination positive des femmes à l’embauche; 

• Objectif 5 : soutenir l’intégration et la rétention des femmes sur les chantiers; 

• Objectif 6 : soutenir les formations pour les femmes en emploi. 

Il est déjà établi que le PAEF sera renouvelé en 2025. Une bonne nouvelle pour tout le monde. 

Les Elles de la Construction

Cet organisme, fondé en 2013, offre deux principaux services aux femmes : 

• L’insertion professionnelle; 

• L’avancement de carrière. 

Pour ce faire, Les elles de la construction accompagnent les femmes durant un an, y compris les femmes immigrées, pour leur proposer du mentorat et un réseau professionnel dans la province.

Le programme diversité et inclusion, subventionné par le Secrétariat à la condition féminine, va se prolonger jusqu’en 2025, permettant de poursuivre les activités de promotion des métiers de la construction et de mentorat. 

Josée Dufour, présidente de son Conseil d’administration, également présidente du Groupe Axiomatech, est l’exemple même de la réussite des femmes dans le secteur de la construction. Un exemple à suivre donc, pour les femmes qui entendent faire carrière en profitant d’un indispensable partage d’expériences. 

Evol, pour aider les futures entrepreneures

Si vous voulez bénéficier de fonds pour créer votre entreprise, Evol peut vous aider à financer votre projet. Cette structure, anciennement appelée Femmessor, à toujours à coeur de participer à une économie « plus inclusive, équitable et durable ». 

Vers l'égalité des chances dans la construction

En somme, l'accessibilité des femmes au milieu de la construction au Québec demeure un défi important à surmonter. Malgré les progrès réalisés ces dernières années, des obstacles persistants limitent encore leur participation et leur progression dans ce domaine. Pour favoriser une véritable égalité des chances, il est crucial de poursuivre les efforts visant à éliminer les préjugés et les discriminations, à offrir un soutien accru aux femmes intéressées par une carrière dans la construction, ainsi qu'à promouvoir une culture de respect et d'inclusion sur les chantiers.

En travaillant ensemble pour créer un environnement professionnel équitable et diversifié, nous pouvons véritablement tirer parti du plein potentiel des femmes dans l'industrie de la construction et ainsi enrichir notre société dans son ensemble.