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Comment se protéger contre la silice cristalline dans le secteur de la construction ?
Par Équipe éditoriale
Modifié le 14 février 2024
La silice cristalline est si dangereuse que la CNESST a décidé de mener contre les entrepreneurs une politique « Tolérance zéro ». Au vue de la dangerosité de ce minéral, l’administration est loin d’exagérer son action.
Car sous cette jolie appellation, la silice cristalline cache un danger qui se regroupe en plusieurs minéraux, ayant pour particularité de se composer de silice et d’oxygène.
Voici tout ce que vous devez savoir pour mieux cerner le danger et le maîtriser pour sauver la vie de vos employés.
Les risques liés à la silice cristalline en milieu professionnel
Où trouve-t-on la silice cristalline?
Dans le secteur de la construction, on la retrouve dans des domaines comme :
● La maçonnerie,
● La coupe et le polissage de pierres,
● Le sablage,
● La céramique,
● Le creusage de tunnels.
Mais aussi en tant que composé de produits et matériaux :
● Agents abrasifs,
● Agents réfractaires,
● Verre,
● Émaux,
● Céramique,
● Produits de purification des huiles et de décoloration,
● Enrobés bitumineux,
● Recouvrement de toitures,
● Peintures,
● Plâtres,
● Absorbants industriels,
● Etc.
En d’autres termes, un peu partout, même là où on ne l'attend pas, et dans des quantités extrêmement variables :
Matériaux | Part de silice cristalline |
Briques | Plus de 30% |
Béton, mortier de ciment | 25% à 70% (variation dûe à la composition de la terre utilisée) |
Composites plastiques | Jusqu’à 80%. |
Tuiles | 30% à 45% |
Sable, gravier, silex | Plus de 70% |
Grès, quartzite | Plus de 70% |
Schiste argileux | 40% à 60% |
Sous-sol argileux | Jusqu’à 40% |
Matériaux composites récents | Plus de 90% |
Pour vous aider à y voir un peu plus clair, nous allons expliciter, dans la partie suivante, les tâches dans lesquelles vous pouvez la rencontrer.
La construction un secteur particulièrement concerné
Les travailleurs oeuvrant dans le domaine de la construction font malheureusement partie de la population la plus à risque, avec notamment :
● Les foreurs,
● Les travailleurs souterrains,
● Les couvreurs (toitures en plaques de béton),
● Les cimentiers-applicateurs.
Avant de citer plus en détails les activités de construction dans lesquelles vous rencontrez la silice cristalline, nous devons mettre ces activités en corrélation avec le risque auquel elles vous exposent. Pour ce faire, il nous faut parler de la VLEP de la silice cristalline, c’est-à-dire de la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle.
Au Québec, la VLEP de la silice cristalline a été abaissée en août 2020 (loi sur la santé et la sécurité du travail au Québec) à 0.05 mg/m³, ce qui correspond aux valeurs imposées par les États-Unis ou encore l’Australie. Cette nouvelle valeur, qui remplace celle de 0.1 mg/m³ jusqu’alors applicable dans notre province, entrera en vigueur à partir du 28 avril 2024 .
Selon le HSE (Health and Safety Executive) britannique, passer d’une VLEP de 0.1 mg/m³ à une VLEP de 0.05 mg/m³ permet d’éviter 300 décès.
Voyons maintenant à quels taux vous exposent certains travaux dans le secteur de la construction :
Types de travaux | Taux d’exposition à la silice cristalline (sur 8 heures) |
Bouchardage du béton | 0.73 mg/m³ |
Cassage de maçonneries | 0.59 mg/m³ |
forage de tunnels | 0.27 mg/m³ |
Autres types de forage | 0.24mg/m³ |
Travaux souterrains | 0.22 mg/m³ |
Décapage par projection d’abrasif | 0.19 mg/m³ |
Couverture toiture (plaques de béton) | 0.15 mg/m³ |
Application ciment | 0.13 mg/m³ |
Par conséquent, ce tableau permet de constater que sans protections adaptées, les limites maximales d’exposition aux poussières de silice cristalline peuvent non seulement être très rapidement atteintes, mais aussi largement dépassées.
Des dangers pour la santé: quels sont les effets d'une exposition à la silice cristalline ?
Également connue sous le nom de dioxyde de silicium (SiO2), la silice cristalline est responsable de maladies respiratoires graves, parfois incurables, et souvent mortelles, dont :
● Le cancer du poumon,
● La silicose.
Effets de l'inhalation de poussières de silice cristalline
Nous en reparlerons à la fin de cet article, dans la partie consacrée à aux silices amorphes, mais disons déjà que la silice cristalline possède une particularité bien à elle : l’accumulation. Lorsqu’elle est inhalée, cette dernière s’accumule dans le tissu pulmonaire, créant un essoufflement, mais aussi une inflammation persistante. Les effets peuvent être nombreux :
● Silicose,
● Cancers,
● Tuberculose,
● Maladies auto-immunes (arthrite, sclérodermie, lupus érythémateux disséminé),
● Bronchopneumopathie obstructive chronique (BPOC),
● Pathologies rénales.
Sans même évoquer une pathologie en particulier, les études ont permis de mettre en avant que les travailleurs exposés à la silice durant 24 ans à des taux de 0.09 mg/m³ perdait en capacité respiratoire la moitié de ce que perd un individu qui fume 1 paquet de cigarettes par jour durant 30 ans.Une perte moindre, mais persistante, est notée pour la nouvelle valeur limite de 0.05 mg/m³.
Afin de nous concentrer sur les pathologies ayant fait l’objet des études les plus nombreuses, nous allons évoquer maintenant la silicose, les cancers broncho-pulmonaires et la tuberculose, qui sont toutes directement liées ou aggravées par les particules de silice cristalline.
La silicose, une maladie professionnelle courante
Entre 2004 et 2008, la CSST (qui forme maintenant la CNESST) a reconnu 157 cas de silicose. Depuis, les professionnels du secteur ont sérieusement pris en compte le risque, puisque de 2006 à 2017, « seulement » 360 cas de silicose ont été enregistrés dans la province via la procédure MADO (maladie à déclaration obligatoire). Ces chiffres forment l’arbre qui cache la forêt, car au Québec, ce sont environ 80 000 travailleurs qui sont exposés à la silice.
Toutefois, il faut rappeler que le risque de contracter cette maladie est rendu quasiment nul si les mesures de prévention adaptées sont mises en place.
Silicose dans la construction : quelle occurrence ?
Il est nécessaire de souligner que le secteur de la construction semble particulièrement attentif à la santé de ses travailleurs, puisque les salariés de ce secteur développent moins la silicose que :
● Les mineurs, foreur de puits, carriers et autres professions assimilées,
● Les salariés des industries de la transformation,
● Les spécialistes de la fabrication, du montage et de la réparation,
● Les opérateurs de machineries destinées à la fabrication ou à la transformation,
● Les débosseleurs et les carrossiers.
Cancer broncho-pulmonaire : un risque accru
Depuis juin 1997, la silice cristallisée est classifiée comme un cancérogène pour l’homme. Bien que le mécanisme entre les particules de silice et l’apparition d’un cancer ne soit pas encore tout à fait clair, de nombreuses études permettent de faire naître un consensus scientifique entre l’exposition à la silice amenant au développement d’une silicose, puis au développement d’un cancer du poumon. Toutefois, il ne s'agit pas d'une étape supplémentaire pour les silicotiques, mais un risque rendu plus important par la maladie.
Des prestations peuvent être versées dans le cadre de la survenue d’une maladie professionnelle. En l’espèce, la jurisprudence Québécoise a accepté l’indemnisation d’un plâtrier ayant été exposé à la silice durant 9 ans, et sans que ce dernier n’ait développé une silicose.
Même la nouvelle norme, de 0.05 mg/m³, ne permet pas de protéger les travailleurs à la silice. Après une exposition de 45 ans à cette valeur, l’excès de cancer du poumon est toujours estimé à 27/1000. Encore une fois, face à la silice, il n’y a que les mesures de prévention des risques qui sont efficaces.
La réglementation en vigueur en matière de silice cristalline
Rôle de la CNESST dans la prévention des risques
Le CNESST assure le même rôle en matière de prévention des risques induits par l’inhalation de particules de silice cristalline que pour tout autre produit toxique. C’est-à-dire qu’elle veille à la bonne application des lois et règlements en matière de santé et de sécurité du travail.
Elle suit les évolutions législatives et l’avancée des connaissances scientifiques dans tout domaine se rapportant à la santé des travailleurs. C’est notamment grâce aux documents produits par la CNESST que le plâtrier que nous avons évoqué précédemment a eu droit d’être indemnisé pour le cancer du poumon dont il souffre suite à une exposition prolongée aux particules de silice cristalline.
Pour prévenir ces situations, la CNESST publie notamment une fiche de données reprenant toutes les informations essentielles concernant la silice. Elle compile tous les articles relatifs à la sécurisation de la zone de travail et des travailleurs.
Fort de son rôle informatif, la CNESST dispose aussi de pouvoirs de contrôle, qui lui donnent le droit de mettre fin à tout chantier ne respectant pas les dispositions légales en matière de sécurité des travailleurs quant à l’exposition aux particules de silice.
Le chef d’entreprise ou tout personnel responsable de la sécurité de ses employés peut alors être passible de sanctions pénales.
Nouvelles obligations pour les employeurs à partir de 2024
Comme nous l’avons souligné précédemment, à partir du 28 avril 2024, la valeur limite d’exposition aux poussières de silice cristalline va être revue à la baisse, passant de 0.1 mg/m³ à 0.05 mg/m³.
Cette nouvelle législation ne changera pas fondamentalement les mesures de prévention des risques que les entrepreneurs doivent mettre en place dans le secteur de la construction.
Les 3 principaux éléments sur lesquels l’attention des responsables doit se porter sont :
● Le calibrage des appareils de mesure des poussières de silice cristalline,
● La fourniture d’appareils de protection respiratoire adaptés,
● Le renforcement des contrôles d’émission de particules de silice cristalline.
Voyons maintenant comment mettre tout cela en place sur un chantier de construction.
Comment se protéger contre l'exposition à la silice cristalline?
Mesures de contrôle à mettre en place par l'employeur
Pour protéger ses employés, l’employeur doit respecter les articles suivants :
● Article 51 de la loi sur la santé et la sécurité du travail,
● Article 2.10.8 du Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC),
● Article 42 CSTC,
● Sous-section 3.20 CSTC (décapage au jet d’abrasif),
Pour résumer leur portée, disons qu’il est impératif de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre la propagation des particules de silice en :
● Formant ses employés au port des appareils de protection respiratoire (APR),
● Sélectionnant les APR compatibles,
● Mesurant les taux de poussières de silice,
● Éliminant les poussières dès leur origine,
● Réduisant leur occurrence au minimum (y compris sous le seuil de 0.05 mg/m³),
● Délimitant la zone de travail.
Qu’est-ce que cela donne dans la pratique ? Par exemple, en tant qu’employeur, vous pouvez veiller à ce que vos employés n’utilisent que des outils avec apport d’eau. Ceux-ci permettent de rabattre les poussières avant qu’elles n’atteignent l’APR.
En restant dans le domaine de l’outillage, il est possible aujourd’hui d’acheter des outils équipés d’un aspirateur avec filtre HEPA. Ces derniers captent les poussières et évitent qu’elles ne polluent la zone de travail.
L’humidification des matériaux avant manipulation est également une méthode efficace, tout comme utiliser le système de ventilation pour ne pas remettre accidentellement en circulation les poussières de silice cristalline sur le chantier.
Équipements de protection individuelle pour les travailleurs
Avec tout ce que nous avons dit sur la silice cristalline, vous avez parfaitement compris qu’elle est dangereuse lorsque inhalée. Par conséquent, l’équipement de protection obligatoire et indispensable est l’appareil de protection respiratoire, conforme à la norme CSA Z94.4-11, comme mentionné dans le Guide sur la protection respiratoire.
Les différentes formes de silice : cristalline ou amorphe
La silice cristalline : quartz, cristobalite, tridymite et tripoli
Le quartz, la cristobalite et la tridymite sont les trois principaux polymorphes de la silice cristalline. À ceux-là s’ajoute également une forme dérivée du quartz : le tripoli.
Ce dernier est notamment utilisé comme abrasif doux en joaillerie ou encore dans les dentifrices et les savons industriels.
Comment cela se traduit-il en pratique ? La silice cristalline change de forme en fonction des conditions dans lesquelles elle se trouve. On parle de « domaines de stabilité thermodynamiques ».
Ainsi, le quartz peut changer de densité et de propriétés cristallographiques lorsqu’il est porté à une température de 870°C. Il se transforme alors en tridymite. Si la stabilité thermodynamique continue d’être altérée, la tridymite se transforme en cristobalite à une température de 1 470°C.
La tridymite et la cristobalite sont rares à l’état naturel. Elles sont donc majoritairement produites par chauffage de la silice cristalline extraite sous forme de quartz.
La silice amorphe : une alternative moins dangereuse ?
Oui, les silices amorphes sont moins dangereuses, mais il faut malgré tout s’en méfier. Voici quelques éléments pour mieux la cerner.
Pour expliquer la chose simplement, la forme amorphe de la silice est une version industrielle de la forme cristalline, disponible à l’état naturel.
Pourquoi ? Parce qu’à l’exception de la terre diatomée, qui possède une origine organique naturelle et possède un polymorphisme cristobalite, le reste de la silice amorphe est purement industriel. On y trouve notamment les silices synthétiques :
● Silice précipitée,
● Silice colloïdale,
● Gel de silice,
● Silice pyrogénée,
● Silice fondue.
À celles-ci, s’ajoute une forme appelée fumée de silice, qui est un sous-produit issu de la métallurgie.
Il est important de préciser que les études scientifiques les plus nombreuses concernent l’exposition à la silice sous forme de quartz, car elle est la plus répandue des silices cristallines. Vient ensuite la cristobalite, puis de manière très limitée la tridymite.
Pour les silices amorphes, les études sont encore plus fragmentées. Il n’existe donc pas de consensus scientifique sur la question. Toutefois, le comité médical provincial en santé au travail du Québec indique, à la première page de son Guide de surveillance médical des travailleurs exposés à la silice, que :
« L’exposition à la silice amorphe chez l’humain n’est pas associée au développement de pneumoconioses et ne produit pas de conditions de santé susceptibles d’être dépistées. »
Néanmoins, le même comité tempère, en indiquant que la silice amorphe peut entraîner :
● Des irritations de la peau, des yeux et des voies respiratoires,
● Aggraver des pathologies respiratoires existantes.
Pour ce qui est de la fumée de silice (silice non synthétique, sous produit de la métallurgie), celle-ci peut causer des troubles similaires à la fièvre des fondeurs, une autre maladie professionnelle aiguë.
Si les silices amorphes sont moins dangereuses que les silices cristallines, c’est parce qu’elles ne s’accumulent pas dans les poumons. Comment ? Grâce à leur solubilité. Les silices amorphes ont pour particularité de se mélanger aux fluides pulmonaires puis d’être évacuées. Idem en cas d’ingestion. Les silices amorphes sont éliminées relativement rapidement.
La prévention : un enjeu majeur pour la santé au travail
Seule la prévention des risques peut protéger les travailleurs du secteur de la construction contre les dangers de la silice cristalline. Pour faire face à cet enjeu majeur, la CNESST se tient à votre disposition pour vous aider à suivre les bonnes pratiques dans ce domaine.
Dès le 28 avril 2024, le Canada rejoindra enfin une longue liste de pays, qui limitent l’exposition des travailleurs à un taux de 0.05 mg/m³. Cette simple réforme permettra de limiter le nombre de cas par an de silicose.
Pour prévenir ces tragédies, il est indispensable de suivre l’ensemble des lois et règlements qui encadrent les travaux donnant lieu à l’émission de poussières de silice cristalline, mais surtout d'appliquer des mesures préventives.
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