Le métier d'architecte paysagiste : l'art de composer avec la nature

Rues, parcs, terrains de jeu, terres humides ou encore réseaux fluviaux, sont autant de réalisations des architectes paysagistes. Leur expertise et leur vision sont plus vastes que l’on ne pense au premier abord. 

À tel point que leur rôle est très loin de se cantonner à l’architecture. Chacune de leurs créations s’inscrit dans une perspective géographique, économique et même sociologique. Vous allez comprendre pourquoi l’architecte paysager est la pierre angulaire de l’aménagement territorial. 

De l'idée à la réalisation du projet : quel est le rôle de l'architecte paysagiste?

Les compétences fondamentales

L’architecte paysagiste est un spécialiste. Vous allez très rapidement en comprendre les raisons. Pour exercer ce métier, ce professionnel de l’agencement doit posséder de nombreuses qualités : 

• Être créatif et inventif; 

• Avoir un esprit de synthèse; 

• Savoir coordonner des équipes pour mener un projet à bien; 

• Être un gestionnaire sur les aspects techniques et budgétaires; 

• Savoir établir des plans et des devis; 

• Vulgariser sa profession. 

Bien sûr, ces compétences s’acquièrent. La dernière grande partie de cet article va d’ailleurs être consacrée aux études à suivre pour exercer cette belle profession. 

Un travail d'équipe et de communication

Effectuer l’agencement extérieur d’une maison, d’un ensemble urbain n’est pas un travail solitaire. Bien au contraire. Dans le cadre d’un projet de construction, l’architecte paysagiste doit travailler de concert avec : 

• Les clients;

• L’architecte; 

• Le designer intérieur; 

• Les sociétés intervenantes. 

Tout cela pour être en mesure de proposer une conception de paysage qui s’inscrive dans la continuité de l’architecture de la maison, mais aussi dans le style voulu par les propriétaires, qui doit prolonger l’agencement intérieur de la maison. 

Mais ce n'est pas tout ce que peut faire un architecte paysagiste! Parlons maintenant d’un projet comme celui situé à l’Île-Bizard, à l’Ouest de Montréal. Ici, les autorités québécoises ont décidé de faire de ces terres un paysage humanisé. C’est-à-dire un type d’aire protégé qui repose sur : 

• La préservation de la biodiversité; 

• La conservation du paysage; 

• La protection des activités humaines qui l’ont façonné. 

L’architecte paysager entre dans cette configuration comme un acteur de l’articulation entre le régime juridique du paysage humanisé (porté par le Ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques) et celui de la LPTAA (Loi sur la protection des terres et des activités agricoles). Pourquoi? Parce que les deux outils ont été pensés pour atteindre des finalités différentes. En qualité de spécialiste, il fait partie des interlocuteurs capables d’expliciter ces deux dimensions en mettant en lumière le rôle des activités humaines (bocage) dans le maintien de la biodiversité sur l’Île-Bizard. 

Les défis d'un architecte paysagiste

L’architecte paysagiste occupe une place bien plus importante qu’on ne peut le soupçonner au premier abord. En effet, les défis qu’il doit relever sont aussi nombreux que diversifiés. 

Adapter les projets aux conditions climatiques et urbanistiques

Les études environnementales sont claires sur un point : les agissements de l’Homme peuvent entraîner ou aggraver des phénomènes environnementaux cycliques. Le développement urbain est un facteur qui lie très bien cette indispensable prise en compte des conditions climatiques et urbanistiques. 

Dernier exemple en date : les crues de 2017 et 2019 qui ont été marquées par l’évacuation de 14 000 citoyens québécois et 1 milliard de dollars de dommages liés aux inondations historiques qui ont eu lieu dans plusieurs régions.

En cause notamment : l’étalement urbain des années 1960, ayant mené des populations entières à s’installer dans des zones inondables. Cet étalement est d’autant plus important qu’il est de nature à aggraver les crues des cours d’eau.

Les architectes paysagistes doivent donc travailler en ayant conscience de la nécessité d’innover pour faire face aux changements climatiques qui se profilent pour la province.

Maîtriser les lois qui encadrent les projets commerciaux et résidentiels

Comme nous l'avons vu précédemment, les connaissances de l’architecte paysagiste s’étendent aussi au champ juridique.

L’architecte paysagiste doit notamment comprendre parfaitement : 

• Le BAPE (Bureau d’audiences publiques); 

• Les procédures de protection de l’environnement; 

• Les mesures de protection et de réhabilitation d’un site; 

• Les évaluations de l’impact environnemental d’un projet. 

Pour de l’aménagement résidentiel, comme la construction de murs de soutènement ou encore l’aménagement de contours de piscine avec chutes d’eau et jardins d’eau, l’architecte paysagiste produira un projet en adéquation avec (sans être exhaustif) : 

• Le plan métropolitain; 

• Le plan d’urbanisme; 

• Le règlement de lotissement; 

• Le PAE (Plan d’aménagement d’ensemble); 

• Le CCU (comité consultatif d’urbanisme); 

• Les PIIA (plans d’implantation et d’intégration architecturale); 

• Le schéma d’aménagement et de développement; 

• Etc. 

Parce qu’il y en a de nombreux autres, vous comprenez que l’architecte paysagiste est bien plus qu’un simple agenceur. Il vous assure que, juridiquement, votre projet pourra être mené à bien. 

Mettre l’humain au coeur de l’architecture de paysage

Évidemment, il n’y a pas que les perspectives écologiques, économiques et sociologiques qui intéressent l’architecture de paysage. En réalité, il place l’Homme au centre du projet. Cet aspect passe par la communication qui s'établit entre lui et son client. 

Il doit discuter avec lui, comprendre ses attentes et ainsi pouvoir lui proposer un plan d’aménagement en adéquation avec ses aspirations. Car un projet d’architecture paysagère doit parvenir à trois choses : 

• Améliorer la qualité de vie; 

• Mettre en valeur la propriété; 

• Créer des souvenirs inoubliables. 

L’esthétique globale du projet va bien sûr être influencée par l’aspect du terrain, mais le résultat est toujours charmant, convivial et adapté.

Le métier d'architecte paysagiste au Québec

Quelles études suivre pour devenir architecte paysagiste?

Pour devenir architecte paysagiste, il est nécessaire d’obtenir un baccalauréat en architecture du paysage. Le but est d’obtenir les connaissances de base en : 

• Écologie; 

• Botanique; 

• Horticulture; 

• Géomatique; 

• Dessin technique; 

• Informatique; 

• Propriétés des matériaux. 

Toutefois, il est également possible de réaliser une maîtrise en architecture de paysage (MAP). Au Québec, celle-ci est délivrée par l’Université de Montréal, plus précisément par l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage. Elle est la seule de toute l’Amérique du Nord à être offerte en français.

Cette formation permet de maîtriser les aménagements paysagers en évaluant précisément l’état écologique d’un paysage. Elle permet aussi de mettre en valeur et de gérer des paysages au travers d’approches critiques et conceptualisées indispensables à la proposition de solutions pratiques. La créativité est à la base de cette formation. 

Nous l’avons souligné précédemment, l’architecte paysager n’agit pas seul. Il opère dans un champ multidisciplinaire dont il doit cerner les contours théoriques, juridiques et pratiques. Lui fournir ces connaissances théoriques est un des objectifs principaux de cette formation universitaire. 

L'Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ)

L’Association des architectes paysagistes du Québec représente pas moins de 502 membres qui conduisent des projets dans les secteurs privés, publics, mais aussi communautaires et universitaires. Elle est chargée d’établir les normes de qualité qui guident les pratiques de ses membres.

Ancrée dans un tissu économique dynamique, elle organise régulièrement des échanges dans le domaine de l’architecture paysagère et participe périodiquement à des débats publics.  

Pour aider ses membres dans leurs recherches, l’AAPQ met à leur disposition : 

• La revue Paysages; 

• Une bibliothèque collaborative; 

• Des mémoires et opinions; 

• Une salle de presse; 

• Un répertoire des fournisseurs; 

• Une trousse média.  

Le marché de l'emploi pour les architectes paysagistes

Il est difficile de proposer une projection de l’état du marché de l’emploi pour les architectes paysagistes. Toutefois, il est possible de proposer les chiffres suivants pour mettre en lumière une tendance. Sur les 700 architectes paysagistes recensés au Québec en 2022 :

• 71% d’entre eux étaient membres de l’AAPQ; 

• 55% étaient des femmes; 

• 91% occupaient un poste à temps complet; 

• 60% travaillaient toute l’année; 

• 40% travaillaient 34 semaines en moyenne. 

Au vu de ces chiffres, le marché des architectes paysagistes nous semble porteur. D’autant plus qu’avec une moyenne d’âge de 41 ans, la profession paraît relativement bien équilibrée en termes de renouvellement du personnel, sur le plan générationnel. 

Quel est le salaire moyen d'un architecte paysagiste?

Créateurs d'environnements extérieurs

Le métier d'architecte paysagiste joue un rôle essentiel dans la création et la préservation des espaces extérieurs harmonieux et fonctionnels. Ces professionnels allient créativité, expertise technique et sensibilité environnementale pour concevoir des environnements extérieurs qui répondent aux besoins des individus et de la communauté dans son ensemble. Avec leur vision artistique et leur engagement envers la durabilité, les architectes paysagistes façonnent des paysages qui enrichissent nos vies et préservent la beauté naturelle pour les générations futures.