Une protection assurée grâce à la peinture coupe-feu

Comment une simple couche de peinture coupe-feu peut-elle retarder la propagation d’un incendie et protéger des vies ? Grâce à des propriétés exceptionnelles, qui font de la peinture ignifuge un produit utilisé autant dans le monde du bâtiment que dans le secteur militaire. 

D’ailleurs, le métro de Montréal, le parc d’attractions de Disneyland Paris, ou encore la centrale thermique de Luo Huang, en Chine, en sont équipés. 

Ce qui rend la peinture coupe-feu si incroyable, c’est son mode d’action. La chaleur de l’incendie lui-même permet à la chimie de la peinture ignifuge de remplir son rôle. Présentation !

Définition et propriétés de la peinture coupe-feu

Source : Canva

Une peinture coupe-feu, également appelée peinture intumescente, est un revêtement qui présente la caractéristique de gonfler lorsqu’il est exposé à la chaleur.

Il s’agit d’une protection passive, qui prend la forme d’un revêtement appliqué sur les armoires électriques, les structures en métal, les cloisons ou encore les huisseries.

Attention toutefois à ne pas être induit en erreur. Toutes les peintures anti-feu ne sont pas intumescentes. C’est pourquoi elles sont souvent réparties en deux groupes distincts.

Les peintures non-intumescentes, sur lesquelles nous n'allons pas consacrer notre article, ne contiennent que des additifs permettant deux choses : 

• Réduire la puissance d’un incendie,  

• Limiter la production de fumée induite par la combustion des matériaux. 

Caractéristiques d’une peinture coupe-feu intumescente

Pour protéger la structure du feu, la peinture ignifuge intumescente se compose de trois agents réunis entre eux par un liant de type matrice polymère : 

• Le phosphate d’ammonium, 

• Le pentaerythritol, 

• La mélamine. 

L’action conjuguée de ces agents entraîne une réaction chimique qui permet : 

• L'absorption d’une partie de l’énergie de l’incendie,

• Une pyrolyse de la peinture, qui réduit l’énergie transmise au matériau,

• Le développement d’une couche visqueuse, 

• Un gonflement créé par la libération de gaz, 

• Une solidification progressive. 

Fortement échauffée, la peinture coupe-feu peut atteindre 20 fois, 50 fois voire 100 fois l’épaisseur de départ, pour former ce qui s’appelle : une couche charbonneuse solidifiée. 

Cette couche va servir d’isolant entre la chaleur dégagée par l’incendie et le matériau qu’elle protège.

Peinture coupe-feu : quelle durée de résistance au feu ? 

Les peintures coupe-feu répondent à des normes dites DRF (degré de résistance au feu), inscrites dans le CBCS (chapitre bâtiment du Code de sécurité). A titre d’exemple, au Québec, une HLM doit avoir:

• Un DRF d’au moins 30 minutes pour les planchers, 

• Un DRF d’au moins 30 minutes pour les murs séparatifs des logements, 

• Un DRF d’au moins 30 minutes pour les murs des couloirs communs ou des parties adjacentes, 

• Un DRF d’au moins 20 minutes pour les portes ouvrant sur un couloir commun. 

C’est justement la raison pour laquelle la fiche technique d’une peinture comme Insl-X, de Benjamin Moore, stipule expressément qu’elle ne peut pas être appliquée sur de l’acier ou de l’isolant uréthane. 

Pourquoi ? Parce que sur ce type de surfaces, son DRF n’atteint pas celui imposé par les normes du CBCS. 

Combien de temps un matériau recouvert de peinture anti-feu peut-il résister ? Prenons l’exemple de tests menés sur deux plaques en acier, l’une nue, l’autre recouverte d’une peinture anti-feu d’une épaisseur d’1 mm.

La chaleur imposée sur ces plaques était de 29 938 BTU/H par pi² (170 kW/m²) durant 300 secondes, soit l’équivalent d’un incendie violent. Pour bien comprendre cette unité de mesure, voici des exemples parlant : 

• 528 BTU/H par pi² (3 kW/m²) : blessures irréversibles sur l’Homme, 

• 2 817 BTU/H par pi² (16 kW/m²) : dégradation des structures, 

• 35 222 BTU/H par pi² (200 kW/m²) : destruction du béton.

La plaque nue a atteint la température de rupture de l’acier, soit 1 022°F (550°C), en 50 secondes. La plaque peinte n’a quant à elle jamais dépassé les 572°F (300°C). 

Peinture coupe feu : quelle durée de vie ? 

Source : Canva

Officiellement, celle du matériau qu’elle recouvre. Vous n’auriez donc pas besoin d’appliquer une nouvelle couche de peinture intumescente sur le matériau qu’elle protège. 

Par contre, il faut savoir que la peinture coupe-feu est sensible aux conditions extérieures : 

• Humidité, 

• Gel, 

• Vapeur d’eau, 

• UV, 

• Pollutions industrielles, 

• Pluie, 

• Etc. 

Par conséquent, si vous appliquez une peinture intumescente sur une façade, et que celle-ci s’est dégradée du fait des conditions climatiques, votre peinture coupe-feu l’est aussi. 

C’est pour cette raison que le laboratoire du département américain de l’agriculture (USDA Forest Products Laboratory) préconise de réappliquer régulièrement de la peinture anti-feu sur des éléments extérieurs.  

Avantages de la peinture coupe-feu

L’ensemble des peintures coupe-feu présentes dans le commerce partagent à peu près les mêmes avantages : 

• Effet retardant en cas d’incendie, 

• Lavable, 

• Inodore, 

• Importante viscosité,

• Faible teneur en COV.

A ceux-ci s’ajoutent des caractéristiques inhérentes au fabricant. Ainsi, certaines peintures anti-feu :

• Diffusent la lumière, 

• Possèdent un fini mat, 

• Sont disponibles en différentes couleurs, 

• Peuvent être peintes, 

• Sont applicables à l’intérieur comme à l’extérieur, 

• Ne contiennent pas de formaldéhyde,

• Possèdent le label LEED (Leadership in Energy and Environmental Design),

• Peuvent entrer accidentellement en contact avec des aliments, 

• Sont applicables en une seule couche. 

Comment utiliser une peinture coupe-feu ?

Source : Canva

Référez-vous toujours aux instructions du fabricant. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas qu’un seul type de peinture coupe-feu. 

Certaines peintures conviennent pour le recouvrement de certains matériaux uniquement, quand d’autres ont des méthodes d’applications qui divergent. Elles peuvent ainsi être appliquées : 

• Au pistolet, 

• A la brosse, 

• Avec ou sans dilution préalable, 

• Avec ou sans mélange,

• Sous une certaine température,

• Sous un certain taux d’humidité.

Le matériau a également son importance quant à l’application ou non d’un primaire. En effet, sur support métallique, l’application d’un primaire anticorrosion est nécessaire.

Généralement, les fabricants de peinture anti-feu vous permettent de la recouvrir avec une peinture acrylique. Une personnalisation de la couleur particulièrement bienvenue lorsque celle du fabricant ne vous plaît pas, ou plus. 

En effet, les peintures anti-feu peuvent être : 

• Colorées, 

• Claires, 

• Transparentes.

Ce n’est pas tout. Au-delà de la peinture anti-feu, il y a la qualité du matériau sur laquelle elle s’applique qui entre en jeu : 

• Béton : nettoyez les surfaces (aspirateur, lavage à l’eau, à la vapeur, à la main, etc.), 

• Matériaux peints : retirez la peinture, 

• Bois : poncez-le pour le rendre lisse et éliminer la moisissure avec de l’eau de Javel, 

• Métal : appliquer un primaire antirouille.

Pensez à vous protéger 

Vous retrouverez normalement ces conseils sur la fiche technique de la peinture anti-feu que vous achetez : protégez-vous pendant les opérations de préparation des surfaces.

Le ponçage ou le grattage d’anciennes peintures va générer de la poussière. Bien souvent, les vieilles peintures contiennent d’importantes concentrations de plomb. Portez une protection respiratoire, et tenez les membres de votre famille éloignés du chantier. 

Exemples de peintures anti-feu pour bois et autres matériaux

Source : Canva

4 exemples de peintures coupe-feu peuvent être mis en avant parmi de nombreux autres produits : 

1- La peinture multimatériaux d’Iso-Logik

Si vous cherchez une peinture anti-feu capable de protéger autant l’uréthane que le bois, la peinture anti-feu produite par Iso-Logik est celle qu’il vous faut, puisqu’elle recouvre : 

• Le bois, 

• L’uréthane, 

• Le béton, 

• Les câbles électriques, 

• Le gyproc, 

• Etc.  

Elle peut même être produite en 2 couleurs : 

• Le pastel (10%), 

• Le blanc. 

Ce qui peut vous éviter de devoir appliquer une couche de peinture de couleur pour la finition.

2- La peinture intumescente de Sico

Uniquement disponible en blanc, la peinture anti-feu Sico Expert peut recouvrir : 

• Le bois, 

• Les panneaux de gypse, 

• Le béton, 

• Les carreaux, 

• Le stuc.

Cette peinture est applicable à une température comprise entre 50° et 86° F (10° et 30° C) et à une humidité relative comprise entre 15% et 55%. Si votre habitation se trouve dans un lieu trop humide, sachez que la limite d’application de cette peinture est de 85%.

Comme dit précédemment, une peinture anti-feu peut être appliquée de différentes façons. Sico permet son application avec : 

• Un pinceau, 

• Un rouleau, 

• Un pistolet sans air.

3- La peinture ignifuge Insl-X

Adaptée aux surfaces intérieures, la peinture produite par la société Benjamin Moore possède également des propriétés intumescentes. Elle s’applique sur : 

• Le bois, 

• Le plâtre durci, 

• Les cloisons sèches, 

• La maçonnerie, 

• Les panneaux en cellulose.

Commercialisée en blanc ou en gris, elle est parfaite pour être appliquée à proximité des panneaux électriques. Son séchage rapide (30 minutes), sa faible teneur en COV (composés organiques volatils) et son fini mat en font une peinture ignifuge très appréciée. 

Comme pour la peinture anti-feu de Sico, il convient de l’appliquer à une température supérieure à 50°F (10°C). 

4- La peinture intumescente DC 315

Fabriquée par la société Soprema, la DC315 peut être appliquée aussi bien en intérieur qu’en extérieur. La DC315 est idéale pour être appliquée sur de l’isolation, notamment sur de la mousse polyuréthane pulvérisée (SPF).  

Avec un temps de séchage d’1 à 2 heures, voire 8 heures pour l’application d’une finition, sa disponibilité en 3 couleurs (gris, blanc, noir anthracite), et sa durée de vie jusqu’à 50 ans, la DC315 est un choix intéressant. 

Si certains vendeurs indiquent que cette peinture peut entrer accidentellement en contact avec les aliments, il convient de souligner que son ingestion peut provoquer des irritations sur l’ensemble des voies digestives et impose une attention médicale. 

Exemple de prix pour la peinture coupe-feu

Une peinture coupe feu coûte entre 135 $ et 760 $. Cet écart de prix s’explique par la quantité de peinture achetée. 

135 $ valent pour 1 gallon (3.78 litres) et 760 $ pour 5 gallons (18.9 litres), selon les fabricants. Ainsi, Sico propose une peinture intumescente à 253 $ le gallon, quand Sansin met en vente une peinture entre 170 $ (1 gallon) et 760 $ (5 gallons) le pot.

Quels éléments prendre en compte pour choisir sa peinture anti-feu ? 

Source : Canva

Le nombre de pi²

Sico donne une surface de 132 à 150 pi² (12 à 14 m²) par gallon, ce qui signifie que vous devrez en appliquer 2 couches. A l’inverse, Insl-X peut être appliquée en monocouche, et couvrir ainsi 300 pi². Une application en 2 couches sera également de 150 pi². 

Les matériaux compatibles

Outre la marque, c’est certainement le plus grand nombre de types de surfaces pouvant être recouvertes qui explique la différence de prix entre deux peintures. Voilà aussi ce qui doit vous décider à opter pour l’une plutôt que pour l’autre. 

Ainsi, la DC315 de Soprema est sûrement celle à privilégier pour une application sur l’uréthane. Puisqu’elle est principalement dédiée à ce type de matériau, son coût n’est que de 375 $ pour 5 gallons. 

L’emplacement

Intérieur ou extérieur. Peu de peintures anti-feu s’appliquent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, comme la DC315. Vous devez donc prendre cet élément en compte si vous souhaitez couvrir votre façade, par exemple.