La peinture est-elle toxique - Comment limiter les risques ?

Au cours des dernières années, plusieurs peintures ont été interdites en raison des risques qu'elles faisaient courir aux professionnels qui les appliquaient comme aux occupants des bâtiments. Aujourd'hui, plusieurs fabricants affirment que leurs produits sont sûrs et sécuritaires, voire écologiques, confirmés par certains logos sur l'emballage. Pourtant, la composition de ces derniers est souvent loin d'être rassurante.

Additifs chimiques, pigments contenant des composés organiques volatils (COV), biocides, métaux lourds...Plusieurs produits hautement toxiques sont encore aujourd'hui ajoutés aux peintures afin d'améliorer leur performance ou empêcher le développement de moisissures et de bactéries.

Quels sont les risques pour la santé liés à la peinture ?

Les peintures synthétiques sont fabriquées à base d’ingrédients issus de la pétrochimie et de la chimie lourde. Les produits toxiques qu'elles contiennent sont libérés non seulement au moment de l'application, mais également longtemps après. 

Les émanations qu'elles dégagent demeurent présentes dans l’air de la pièce pendant des mois. Bien que moins toxiques, les peintures à l'eau contiennent moins de solvants. Elles ne sont toutefois pas exemptes de substances chimiques.  

L'impact des solvants et additifs sur la santé

Les peintures synthétiques et leurs solvants sont nuisibles pour la santé de l'humain comme pour celle de la planète. 

Même dans les peintures dites moins nocives, la présence d’éthers de glycol, dont l’absorption se fait principalement par voie cutanée, est à l’origine d’irritations de la peau et des muqueuses, en plus de constituer un risque de toxicité sanguine à long terme et avoir une incidence sur le bon fonctionnement du système reproductif.

Certains effets sont reconnus pour la majorité des solvants tandis que d'autres sont spécifiques à certaines substances. On note cependant que les solvants ont tendance à affecter plus particulièrement les organes riches en graisse comme le cerveau, le foie, les reins…

Les COV présents dans les solvants et pigments sont également hautement nocifs. Ils pénètrent dans les poumons pour atteindre le sang, le cœur et le cerveau, affectant les organes ciblés. Leurs effets se manifestent de plusieurs manières : irritations des yeux et de la gorge, inflammation des voies respiratoires (rhinites, asthme...), troubles cardiaques ou digestifs (nausées, lésions du foie et des reins en cas d'exposition prolongée), trouble du système nerveux, maux de tête, effets cancérigène et mutagène...

Les COV : un danger invisible

Selon Environnement Canada, les composés organiques volatils issus de procédés industriels seraient parmi les plus nocifs.

Présents non seulement dans les pigments, les COV sont employés pour augmenter la fluidité et l'adhérence de la peinture. Parmi les qualités qu'elle gagne à cet ajout, on compte le séchage accéléré. En fait, il s'agit d'une évaporation plus rapide qui se traduit par la libération massive de la majeure partie des COV dans l'air au cours des jours suivant l'application.

Chez l’humain, une exposition aux COV peut occasionner les malaises et problèmes de santé cités précédemment. L’impact sur l’environnement n'est pas moins dévastateur étant donné que les composés organiques volatils interviennent dans le processus de formation de l’ozone et contribuent au réchauffement climatique. 

Les fabricants Laurentide et Benjamin Moore proposent des pigments sans COV.

Les anciennes peintures à base de plomb : un danger réel

L'empoisonnement au plomb peut causer de l'anémie et porter atteinte au cerveau et au système nerveux.

Depuis 1990, toutes les peintures destinées au grand public, qu'elles soient fabriquées au Canada et aux États-Unis, ne contiennent pratiquement plus de plomb. Si les maisons construites à partir de cette date ne devraient pas poser problème, les murs de celles construites entre 1960 et 1990 ont certainement un jour été peints avec des peintures à base de plomb.

Une peinture qui s'écaille par usure, comme le retrait du fini en raison de travaux, expose les occupants à de graves dangers pour leur santé. Le risque est encore plus élevé pour les personnes sensibles comme les enfants et les femmes enceintes. Même des poussières représentent un danger pour les nourrissons et les jeunes enfants qui, en pleine croissance, absorbent le plomb facilement. À l'heure actuelle, il n'existe pas de niveau sécuritaire d'exposition au plomb.

Pour apprendre comment procéder pour éliminer de façon sécuritaire la peinture au plomb dans les maisons plus anciennes, consultez le site du gouvernement du Canada : Peinture à base de plomb 

Comment savoir si une peinture est toxique ?

Si certains produits sont clairement plus toxiques que d'autres, il peut être difficile de choisir une peinture plus sûre pour la santé. En fait, même la mention « sans COV » apparaissant sur les emballages ne garantit pas que le produit soit sans danger. 

En fait, les listes d'ingrédients sur les étiquettes sont souvent incomplètes et on retrouve, dans les plus petits caractères des emballages, certains renseignements qui vous auraient possiblement incité à ne pas acheter le produit, comme la quantité de COV présente.

En fait, même Environnement Canada n’encadre pas les appellations « sans COV » ou « zéro COV », ce qui fait que les fabricants peuvent facilement jouer avec les mots et les chiffres. 

Peinture toxique : combien de temps?

En plus des émanations qui sont encore nocives des mois après l'application, la peinture peut présenter un grave danger pour la santé lorsqu'elle s'écaille ou se détache, de même que lorsqu'elle est accessible aux enfants en bas âge, qui portent tout à leur bouche. Dans le cas d'une ancienne peinture au plomb notamment, mieux vaut enlever la peinture en prenant soin d'observer les règles de sécurité recommandées.

Précautions à prendre lors de l'utilisation de peintures industrielles

Une exposition à une forte dose de solvant peut entraîner une intoxication aiguë. À faible dose, une exposition régulière, à un ou plusieurs solvants, peut également avoir de graves conséquences sur la santé de certains organes à plus ou moins long terme.

Voici quelques recommandations à suivre lors de l'application de peintures industrielles :

• Portez un masque avec cartouche filtrante;

• Portez des gants pour éviter tout contact direct avec les peintures et autres produits chimiques;

• Portez des lunettes de protection pour protéger vos yeux des projections;

• Lavez vos mains après le travail et avant de manger avec un savon adaptéè

• N'employez pas de white-spirit comme détachant; ce produit est également nocif pour la santé.

L'importance de l'aération face à l'odeur de peinture

La peinture provoque des émanations nocives dans l'air qui seront absorbées par les alvéoles pulmonaires. Les COV sont notamment des contaminants présents dans l'air de la maison qui peuvent affecter la santé des occupants.

L'aération est essentielle et l'utilisation d'un purificateur d’air est recommandée. S'il existe existe également des ioniseurs d’air susceptibles de purifier l’air, cet équipement émet quant à lui un gaz (ozone) qui peut aussi nuire à la santé.  

Quelle est la peinture la plus saine?

On pourrait classer en trois grandes catégories les formules les moins nocives pour l’humain et pour l’environnement :

1. La peinture écoresponsable sans COV ou à faible teneur en COV;

2. La peinture écoresponsable recyclée;

3. La peinture écoresponsable naturelle.

La majorité des fabricants de peinture proposent d'ailleurs aujourd'hui des alternatives plus saines. Il ne faut toutefois pas uniquement se fier au nom ou aux symboles affichés sur l'emballage. Parmi les marques se proclamant écolo, plusieurs ne le sont pas.

Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre article dédié aux peintures éco-responsables.

Quelle peinture choisir pour la santé ?

Les peintures naturelles à base végétale ou minérale (à base de silicate, de chaux, de lait, d’argile, de résines naturelles, d’huiles naturelles, etc.) sont fabriquées à base de matières premières renouvelables et biodégradables. Celles proposées en phase aqueuse sont généralement les moins toxiques et contribuent à créer un intérieur sain.

Leurs avantages :

• Ils contiennent des produits peu toxiques pour la santé;

• Ils ne contiennent aucune matière dangereuse pour l’environnement;

• Antistatiques, elles limitent l'attraction des poussières de façon à réduire la prolifération des acariens. Il s'agit donc d'une bonne alternative pour les gens qui souffrent de problèmes respiratoires;

• La peinture à la chaux propose un pH élevé et constitue un système anti-moisissure parfait pour les espaces humides comme la cuisine ou la salle de bain. Nul besoin dans ce cas d'user de produits chimiques antifongiques toxiques;

• Les résidus secs peuvent généralement être jetés avec les déchets ménagers et parfois même être compostés;

• Les peintures offertes en poudre diminuent les besoins en transport (on ne transporte pas des litres d'eau).

Peut-on minimiser les risques pour la santé avec la peinture acrylique au latex?

L'arrivée sur le marché des peintures au latex a signé l'arrêt de mort de nombreux produits hautement toxiques.

Antistatiques, contenant moins de solvants, moins de COV, présentant une toxicité neurologique nettement moins élevée, n'émettant pas d'odeur particulière, ininflammable : les avantages sont certains. Même si elles procurent un environnement plus sain et sécuritaire aux enfants et aux femmes enceintes, ces peintures ne sont pas pour autant totalement exemptes de substances toxiques.  

Bien que les peintures synthétiques à l’eau (latex, acrylique) soient moins toxiques et polluantes que les peintures synthétiques avec solvant, elles demeurent essentiellement constituées d’ingrédients issus de l’industrie pétrochimique et contiennent toujours de minuscules particules synthétiques qui continuent à polluer nos cours d'eau.

Peinture écologique : une alternative plus saine

Pour qu'elle puisse être qualifiée d'écologique, une peinture ne doit pas contenir de métaux lourds, de substances dangereuses ou d’agents cancérigènes.

Une peinture réellement éco responsable ne dégagera aucune émanation toxique, n’irritera pas les yeux ou la gorge et sera sécuritaire pour tous les occupants, peu importe leur âge et leur état de santé. Évidemment, elle sera également respectueuse de l’environnement et ne rejètera pas de COV dans l’atmosphère. 

Gare aux fausses promesses. Plusieurs produits qui se targuent d'être écolo ne le sont pas. En fait, pour ne pas se faire berner, on peut regarder du côté de la peinture recyclée.

La réglementation au Canada concernant les peintures

À la demande d'une clientèle de plus en plus exigeante et suite à la mise en place d'une réglementation, l’industrie de la peinture a suivi le mouvement vert en élaborant des formules moins nocives pour la santé humaine et plus sûres pour l’environnement. 

Bien que la réglementation soit plus rigoureuse dans certains pays européens, le Canada a établi des normes plus sécuritaires et interdit différents composés chimiques. La peinture au latex répond ainsi aux exigences du règlement canadien limitant la concentration en COV en matière de revêtements architecturaux. 

Impact environnemental des peintures : une réalité préoccupante

Même si différents produits offerts sur le marché proposent aujourd'hui des alternatives plus vertes, les COV continuent à polluer l'air et à détruire la couche d'ozone. De la même façon, même lorsqu'on opte pour un produit plus écologique, d'infimes particules toxiques continuent à se déverser et à polluer nos cours d’eau. 

Il faut continuer à s'interroger sur l’impact qu’auront les substances chimiques, sur la santé et sur l’environnement, qui entrent dans la composition des peintures, même celles qui sont recyclées.

D'ailleurs, au même titre que tous les autres produits dangereux, peintures ou solvants, ces dernières doivent être apportées dans un écocentre une fois les travaux terminés afin qu'on en dispose de façon responsable.